Un jeune homme courageux

Tiré de la description de l'arrivée en 1864 de Vital Cormier à Sackville (Nouvelle-Écosse) où il cherche un emploi. Centre d'études acadiennes, collection Placide Gaudet, 1.26-10.

Les Anglais de Sackville ne voulaient pas permettre aux Acadiens de se fixer parmi eux, et qu'en conséquence ils les battaient et les chassaient. Le jeune Cormier ne tint aucun compte de cet avertissement, et peu de jours après son arrivée, il sortit un soir avec Fred. J. Bourque. Arrivés à un certain coin de rue ils furent accostés par une demi-douzaine d'Anglais et Cormier qui parlait très bien la langue anglaise leur demanda ce qu'ils voulaient, et ceux-ci de répondre qu'ils allaient lui donner une bonne raclée. Se dépouiller d'une partie de ses vêtements de la part du jeune Cormier fut l'affaire d'un seul instant et se mettant en garde il dit à ses assaillants : « Je suis un jeune Acadien-français venu parmi vous pour y gagner mon pain. Je ne suis point un querelleur, mais lorsqu'on m'attaque au lieu de me sauver je me défends. Vous êtes six contre moi, et par conséquent je ne peux vous combattre tous à la fois. Je suis prêt, cependant, à me battre avec chacun de vous, l'un après l'autre. Si vous doutez de mes paroles, faites-en l'essai. » Alors l'un d'eux s'avance pour frapper le courageux jeune homme, mais il reçoit en plein visage un si vigoureux coup de poing qu'il perd l'équilibre et roule sur le sol. Deux autres ont le même sort et le combat finit.