« Je l'avais cru ce rêve du jeune âge »

Tiré d'André-Thaddée Bourque, Chez les anciens Acadiens. Causeries du grand-père Antoine, Moncton, Presses de l'Évangéline, 1911, p.147-148.

Évangéline

Chant acadien

1
Je l'avais cru ce rêve du jeune âge
Qui souriant m'annonçait le bonheur,
Et confiante en cet heureux présage
Mes jeunes ans s'écoulaient sans douleur.
Il est si doux au printemps de la vie
D'aimer d'amour les amis de son coeur,
De vivre heureux au sein de la patrie
Loin du danger à l'abri du malheur. (bis)

CHOEUR
Évangéline, Évangéline !
Tout chante ici ton noble nom,
Dans le vallon, sur la colline,
L'écho répète et nous répond :
Évangéline, Évangéline !

2
Qu'ils étaient beaux ces jours de notre enfance,
Cher Gabriel, au pays de Grand-Pré,
Car là régnaient la paix et l'innocence,
Le noble amour et la franche gaîté !
Qu'ils étaient doux le soir sous la charmille
Les entretiens du village assemblé !
On n'y formait qu'une aimable famille
Sous ce beau ciel, sous ce ciel adoré ! (bis)

3
Là les anciens devisant du ménage,
Avec amour contemplaient leurs enfants,
Qui réveillaient les échos du village
Par leurs refrains et leurs amusements.
La vie alors coulait douce et paisible
Au vieux Grand-Pré, dans notre cher pays,
Lorsque soudain, notre ennemi terrible
Nous abreuva de malheurs inouïs ! (bis)

4
Hélas ! depuis sur la terre étrangère
J'erre toujours en proie à la douleur,
Car le destin dans sa sombre colère
M'a tout ravi, mes amis, mon bonheur.
Je ne vois plus l'ami de mon enfance
À qui j'avais juré mon tendre amour,
Mais dans mon cœur je garde l'espérance
De le revoir dans un meilleur séjour. (bis)
Évangéline, Évangéline !
Tout chante ici ton noble nom,
Dans le vallon, sur la colline,
L'écho répète et nous répond :
Évangéline, Évangéline !