Pourquoi partir pour l'île Royale ? Tiré de témoignages d'Acadiens du 18e siècle, cités dans une lettre de Félix Pain au gouverneur Costebelle, 23 septembre 1713, Archives nationales de France, Cols. C11C 7, fol. 226v-227 (extraits 1 et 2) et dans une lettre de Costebelle au conseil de la Marine, 9 septembre 1715, Archives nationales de France, Cols., C11B 1, fol. 131 (extrait 3). Ils ont de très bonnes terres qu'ils cultivent et qui sont d'un grand rapport pour les grains, environnés de quantité de préries pour la subsistance de leurs bestiaux. C'est ce qui fait qu'ils ont bien de la peine à se resoudre aujourd'hui à quitter leurs biens, qu'ils ont fait avec beaucoup de peines et de sueurs. […] Ils voudroient pouvoir se transplanter dans des campagnes où il n'y eut qu'à traîner la charue dedans, pour être assurés d'une abondante récolte. Voilà ce qu'ils ne scauraient trouver sur l'île Royale. […]
« Ce seroit nous exposer manifestement à mourir de faim chargés comme nous sommes de grosses familles, de quitter des habitations qui sont en valeur, et desquelles nous tirons toute notre subsistance ordinaire, pour prendre des terres bruttes et nouvelles, dont il faut arracher le bois debout... Il y a parmi nous le quart du monde qui sont des personnes âgées, hors d'état de défricher de nouvelles terres… nous savons de plus par la visite exacte que nous en avons fait qu'il n'y a point de terres dans toute l'isle du Cap Breton qui puissent convenir à l'entretient de nos familles, puisqu'il n'y a point de prés suffisantes pour nourrir nos bestiaux dont nous tirons notre principale subsistance. » |