La Mi-Carême à Chéticamp

Tiré de Anselme Chiasson, Chéticamp, Histoire et Traditions acadiennes, Moncton, Éditions des Aboiteaux, 1961, p.213-214.

Le jeudi de la troisème semaine du carême, c'est la mi-carême. Les enfants et les jeunes, les garçons surtout mais aussi des filles, courent la mi-carême depuis toujours. Autrefois, chacun fabriquait son masque avec un bas de laine, une manche de chandail ou avec du carton, de l'étoffe ou de la toile. On s'habillait de la façon la plus originale possible et dans le dessein de ne pas être reconnaissable. Le jour parfois, mais surtout le soir après souper, seul ou par petits groupes, on partait, dans ces accoutrements, visiter les familles voisines du canton. Il s'agissait pour les gens de la maison visitée de découvrir l'identité des mi-carêmes et pour ceux-ci de contrefaire leur démarche et leur voix afin de mystifier leurs hôtes. Le succès et le plaisir étaient d'autant plus grands que les mi-carêmes réussissaient à jaser abondamment, à danser et à faire beaucoup de gestes sans être reconnus par de proches parents ou des amis.

Aujourd'hui, la mi-carême a plus de vogue que jamais. Du jeudi qu'on la courait, on l'a étendue à toute la semaine. Beaucoup plus de gens, même d'âge mûr, y participent. Les masques sont achetés chez le marchand. Les costumes, plus recherchés qu'autrefois, représentent souvent des personnages tels qu'agent de police, une religieuse, une infirmière ou même une Évangéline. Les « mi-carêmes » se transportent en automobile et ont élargi le cercle de leurs visites. Pour l'occasion, des troupes d'amateurs, chanteurs, danseurs et musiciens, s'organisent et, habillés en mi-carêmes vont semer la gaieté dans le plus de maisons possible.