Le cycle des saisons Tiré de William Wicken, Encounters with Tall Sails and Tall Tales : Mi'kmaq Society, 1500-1760, (thèse de doctorat), Université McGill, 1994, p. 221-222. Traduction par Myriam Coucke. La plupart des Acadiens étaient des fermiers et leur vie était gouvernée par le cycle annuel des semailles et de la moisson. Au mois d'avril et de mai, on ensemençait les champs de foin, de blé, d'avoine, de seigle et d'orge et l'on plantait les récoltes potagères comme les carottes, les navets, les choux et les oignons. On cultivait les pommiers et les cerisiers, des arbres importés de France au 17e siècle, alors que les canneberges, les bleuets et les groseilles à maquereau qui poussaient à l'état sauvage dans la campagne environnante étaient cueillis par les femmes et les enfants à la fin de l'été. C'était pendant l'été que l'on moissonnait le foin et que l'on tondait les moutons dont la laine servirait à faire des chaussettes, des gants et des chapeaux qui tiendraient chaud aux familles durant l'hiver. Lorsque l'automne approchait et que la saison de croissance tirait à sa fin, on moissonnait le blé et l'avoine, les hommes sillonnant les champs pour récolter les céréales. La moisson était une période joyeuse, un temps où l'on remerciait Dieu pour l'abondance de Sa Nature, un temps pour la famille de profiter brièvement de journées moins chargées, après le dur labeur du printemps et de l'été. Cependant, ce répit était de courte durée, car l'hiver approchait et les vents froids et mordants ne tarderaient pas à souffler du Nord. Il fallait alors labourer les champs et, comme le fourrage pour l'hiver venait souvent à manquer, on devait parfois abattre jusqu'à 30 ou 40 % du bétail ; leur viande débitée en quartiers et salée serait soit vendue, soit conservée pour les mois à venir. Les femmes et les filles plus âgées avaient la lourde tâche de mettre fruits et légumes en conserve, alors que les hommes et les garçons passaient le plus clair de leur temps dans les endroits boisés de la ferme, coupant des arbres pour le bois de chauffage. Parfois, ils délaissaient la forêt pour aller pêcher le saumon ou les anguilles qui abondaient dans les rivières avoisinantes pendant l'automne. Lorsque l'hiver était bien installé, le mode de vie se ralentissait quelque peu, mais il restait malgré tout le bétail à nourrir, les licous, rênes et charrettes à réparer et les outils à aiguiser. Pour les femmes, la routine incessante des repas à préparer, des habits à réparer et du soin des jeunes enfants ne s'arrêtait jamais. |