Glossaire acadien Tiré de Pascal Poirier, Glossaire acadien, Nouveau-Brunswick, Université Saint-Joseph, 1953, p.393-394.
RAIDE. Nous disons : Ca prend tout son raide pour lever ce fardeau. Il le lève, mais il en a son raide, c'est-à-dire, il faut qu'il y mette toute sa force. « C'était un raide jouteur ». Montaigne. « Le raide, en Anjou, est le côte convexe d'une pièce de bois ». Vervier. RAIE, s. f. Rais. Pièce qui rattache la jante au moyeu d'une roue. L'Académie fait le mot masculin, rais. Pourtant il vient de « radia », forme féminine de « radius ». RAIN. Nos pêcheurs disent un grain de vent, ou tout simplement un grain, pour une bourrasque de vent. J'ai aussi entendu, je crois, un rain de vent. Rain se rattache à l'anglais « rain » (prononcez réne), épelé rayne par Palsgrave. Ce mot, quoiqu'on le trouve dans la basse latinité, est d'origine scandinave. C'est des langues du nord que les Latins l'ont pris, pour se l'assimiler. « Lors prinnent-ilz ung petit rain d'espérance ». La fille du comte de Ponthieu, vers le milieu du XVe siècle. RAINSÉE. Volée de coups de bâtons ou d'horiotes. Ce mot appartient à la vieille langue. Je lui ai donné une rainsée dont il se souviendra. « Jehan le Vasseur... dist au dit Regaudin qu'il le rainseroit autre part ». Rapporté par La Curne. En Bourgogne, un rain de fagots, un rain de balai, c'est une branche de fagot, de balai. C'est apparemment avec ces rains-là que les rainsées se donnent. Le mot est d'origine tudesque, ou celtique. RAISE. Rayure, raie, marque faite avec un clou ou autre objet dur. Aussi, marque faite avec un crayon ou une plume : Une raise de crayon sur une ardoise. Il a fait une raise sur la vitre avec son diamant. RAISER. Formé sur le substantif raise ; rayer : Raiser une vitre avec le chaton d'une bague : Raiser du bois avec la pointe d'un couteau. Le mot s'emploie, en Anjou, pour rigole. RAISONNER. Faire entendre raison. Raisonner quelqu'un ; se raisonner soi-même. Aussi, se trouver des raisons : Avant de parler, il s'était bien raisonné. On disait arraisonner dans la vieille langue : « Amours de rechief l'araisonne ». Roman de la Rose. V.110 84. « Le leus a le chien regardé, Et puis Si l'a araisonné : Frère, dit-il... » Marie de France, Du Leu et du Kien. Le mot est à l'Académie, mais pas tout à fait avec le sens que nous lui donnons. RAISONS. Arguments, répliques, justifications. Il donne des raisons, quand on le réprimande. « C'est là qu'elle allait souvent pour dire ses raisons au bon Dieu ». G. Sand, Champi. Par « raisons », je crois qu'il faut entendre ici ce qu'elle avait sur le cur. RAJEUNEZIR. Rajeunir. Nous disons aussi rajeunir. Rajeunezir est plutôt provençal. RAJOUTER. Ajouter de nouveau. RALINGUE. Comme à l'Académie. Aussi corde qui borde un filet et qui porte les flottes de liège. Au propre, dans la bouche des marins, être à la ralinque, c'est trembler au vent. Au figuré, chez les terriens c'est être a bout de ressources. Il n'a plus que la ralingue, que la peau et les os. On entend par battre la ralingue, en France maritime, devenir fou. M. Hector Carbonneau m'écrit, qu'aux Îles-Madeleine, la ralingue est « cette partie grasse du flétan comprise entre les ouies et l'abdomen, et qui est très recherchée des gourmets. Aussi appelée blanc de flétan ». RALINGUER. Comme à l'Académie ; aussi faire courir un cordage une ralingue autour d'une voile. Nous ralinguons aussi un filet de la même manière. RALLER. Aller de nouveau. « Il vouloit visiter a téere et ses amis, et raler en son pays ». La fille du Comte de Ponthieu. RALLONGE. Se dit non seulement de la rallonge d'une table, d'une robe, comme en France, mais d'une annexe à un bâtiment, d'un rallongement : J'ai fait une rallonge à ma grange. RALU. Robuste, bien musclé : C'est un garçon ralu. Ce mot appartient à la vieille langue, où il se disait surtout pour gai, jovial. RAMÂCHAILLES ou RAMANCHAILLES. Répétition d'insanités. |