Une famille française à Sandwich Tout allait à merveille et la prospérité commençait à couronner leurs efforts, lorsqu'en 1870 la guerre Franco-Prussienne éclata. Pendant deux années, le commerce devint nul. Le pays, aux environs de Rougemont, était envahi tantôt par les armées Françaises tantôt par les troupes Prussiennes. Ces derniers réquisitionnèrent tout : chevaux, voitures, fourrage, vin, nourriture. Ce fut la ruine. Alors mes parents ayant entendu parler du Canada comme un pays paisible et plein d'avenir, décidèrent d'y émigrer. Emmenant avec eux quatre de leurs enfants ; Louise, Victor, Lucie et Louis, ils quittèrent la France en l'été de l'année 1874 et arrivèrent à Sandwich, Ont., au mois de septembre. Là ils furent reçus à bras ouverts par les familles Tournier et Théodule Girardot. Trois garçons, Joseph, Auguste et Jules étaient restés en France. […] Vie sociale – J'ai donné mes services comme conseiller de la ville pendant sept ans, comme commissaire de l'acqueduc pendant trois ans, comme commissaire de l'école séparée dix ans. Je fus secrétaire de la société de la Bonne Mort trente ans. Depuis plus de vingt ans, je suis président de la C.M.B.A. Je fus un des organisateurs des « Gardes-Suisses » de l'église de l'Assomption, Sandwich. Cette société entreprit de nettoyer et d'embellir le cimetière ; lequel se trouvait alors dans un état pitoyable. Nos successeurs l'ont tellement transformé et embelli qu'il est aujourd'hui au rang des plus beaux du diocèse. Vie familiale – Au mois de janvier 1914, nous partîmes, ma femme et moi, pour un premier voyage en Europe, principalement pour revoir Rougemont, mon pays natal. Au cours de ce voyage, nous nous sommes arrêtés à Paris, Nantes, Bordeaux, Lourdes, Lyon, Besançon puis à Rougemont. Nous fûmes de retour à Sandwich en avril. En 1922, nous avons fait un second voyage en Europe. Nous nous embarquâmes sur le « Paris » à New York. Arrivés en France, nous avons visité Rougemont d'abord, puis Paris, Nantes, Bordeaux, Lourdes, Marseilles [sic] , Nice, Gêne, Rome, Turin. Nous traversâmes le tunnel du Mont Cénis long de treize milles sous les Alpes entre l'Italie et la France. Ensuite, nous nous sommes arrêtés à Lyon, Besançon et Rougemont avant de reprendre la route de New York et Sandwich. En 1925, nous entreprenions un troisième voyage en Europe à l'occasion de l'Année Sainte. Nous voyagions avec le pèlerinage organisé par l'Agence Hone de Montréal. Ma femme et moi devions faire ce voyage avec mon beau-frère F. X. Baillargeon et son épouse, mais une maladie subite m'obligea de retarder notre départ jusqu'en juillet alors que mon fils Jules accompagna ces derniers jusqu'à Rome. Le 1er juillet nous prenions le « Minnedosa » à Montréal en route pour Cherbourg. Notre neveu l'abbé Joseph Baillargeon nous accompagnait. Nous devions visiter la France, la Suisse, l'Italie, l'Allemagne et la Belgique. Mais « l'homme propose et Dieu dispose ». Pendant la traversée de l'océan, en voulant descendre de mon lit de cabine, je fis une chute qui m'obligea de m'aliter pendant le reste de la traversée, puis deux jours à Paris et cinq semaines à Rougemont. Jules mon fils étant resté en France pour nous rencontrer se servit de mon billet pour visiter de nouveau la France, la Suisse et l'Italie, passant par Bordeaux, Lourdes, Marseilles [sic] , Nice, Gêne, Rome, Florence, Venise, Milan, puis Rougemont. Une fois que je fus assez bien pour voyager, nous partîmes pour Cherbourg et Montréal, nous arrêtant à Lisieux pour une visite au sanctuaire de Ste-Thérèse de l'Enfant Jésus. Nous avons fait plusieurs voyages dans l'ouest du Canada principalement à Lebret, Sask., où l'aînée de nos filles, Anna, religieuse des Sœurs Grises de Montréal, fut longtemps en mission à l'École Industrielle Indienne. Au cours d'un de ces voyages, étant accompagnés de notre neveu l'abbé Jos. Baillargeon, et de ses parents, après un arrêt de quelques jours à Lebret, mon neveu et moi prolongeâmes notre voyage jusqu'à la côte de l'océan Pacifique, visitant Edmonton, Prince Rupert, Vancouver, Victoria, Prince Albert, puis au retour Cochrane et Haileybury, où nous avons visité notre fille Antoinette, sœur St-Séraphim. Ma femme et moi avons aussi passé plusieurs hivers en Floride. En 1930, nous avons eu le bonheur de célébrer notre cinquantième anniversaire de mariage. Nos deux filles religieuses : Sr. Robinet des Sœurs Grises et Sr. St-Séraphim des Sœurs de l'Assomption de Nicolet, étant avec nous, la famille se trouvait au complet. Le dix-sept août 1935, nous avons célébré notre cinquante-cinquième anniversaire de mariage, tâchant de réunir à cette occasion tous les descendants de Pierre Antoine Robinet établis au Canada et aux États-Unis, au nombre d'environ deux cent cinquante. Deux cents étaient présents. Cette année, nous nous proposons de réunir pour notre cinquante-sixième anniversaire tous les descendants des familles Pierre Antoine Robinet et Joseph Séguin. Tiré de Jules Robinet, Histoire de la famille Robinet, s. l., s. d. [1936 ?], p. 6-7,18-21. Archives du Hiram Walker Historical Museum, Windsor (Ontario). |