Les soeurs garderont le français

[Dans le passage suivant, mère Bruyère fait référence à l’Évêque de Kingston, Monseigneur Phelan.]

D’abord, il aurait voulu que nous parlassions toutes l’anglais, et que s’il était possible, tous les sujets fussent Anglaises. Je lui ai répondu que s’il n’avait voulu que des Soeurs anglaises, il n’aurait pas eu des Soeurs Grises ; que chez nous, nous parlions le français, et que nous suivions en tout les mêmes usages. Quand il a vu que j’étais un peu piquée, il n’a plus été question de cela, et il a fini, comme à l’ordinaire, par me dire qu’il ne voulait rien déranger et que nous suivrions nos usages ; mais que l’avenir nous démontrerait que l’anglais serait de plus en plus nécessaire. Je lui ai répondu que nous ne manquerions pas de sujets capables en cette langue pour rendre service au prochain et à notre Communauté.

[…]

je crois sincèrement que les Soeurs, en parlant une autre langue que le français ne conserveraient pas longtemps l’esprit de notre état, non plus que les usages.

Tiré d’une lettre d’Élisabeth Bruyère, le 23 avril 1845, dans Jeanne d’Arc Lortie, Lettres d’Élisabeth Bruyère, I, Montréal, Éditions Médiaspaul, 1989, p. 132-133, 136.