Ontario

1965
Dissolution de l'Ordre de Jacques-Cartier

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L'Ordre de Jacques-Cartier avait été fondé en 1926 pour défendre les intérêts de la nation canadienne-française. Constitué en société secrète, l’Ordre offrait un lieu de réflexion aux dirigeants canadiens-français et organisait des campagnes de sensibilisation et d’action dans les milieux francophones minoritaires.

Au début des années 1960, l’Ordre de Jacques-Cartier vit des jours difficiles. Son membership se réduit comme peau de chagrin dans les Maritimes, au Québec, en Ontario et dans l'Ouest, et la saignée s'accompagne de sérieuses difficultés budgétaires. De plus, l’Ordre semble demeurer à l'écart des débats de société de la Révolution tranquille, notamment en ce qui concerne la question indépendantiste. Cette situation avive les tensions entre les élites d'Ottawa, surreprésentées au sein de l'Ordre, et les autres instances, surtout montréalaises.

Soucieux de ne pas se laisser damer le pion par les jeunes générations nettement plus militantes et plus férues de démocratie, le Comité métropolitain de Montréal, sous la direction de Rosaire Morin, propose en mars 1964 des « Éléments d'une doctrine nationale pour les temps nouveaux ». Rédigé par Jean-Marc Léger, le manifeste appuie la thèse des États associés et la constitution d'un État-Nation québécois.

Les chanceliers ontariens de l'Ordre ne peuvent souscrire à une pareille politique, qui risque de ruiner la sympathie que reçoit, à leur avis, la cause canadienne-française parmi les élites canadiennes-anglaises. Une version remaniée du manifeste, à l'automne 1964, malgré les quelques concessions qu’elle comporte, exacerbe encore davantage les tensions entre les dirigeants de l’Ordre. Au cours d’une réunion tenue les 27 et 28 février 1965, les chanceliers, placés devant des positions irréconciables et refusant de voir leur œuvre défigurée, votent la dissolution de l'Ordre de Jacques-Cartier.

La fin de cette société secrète révèle bien les profondes dissensions qui existent au sein des élites canadiennes-françaises sur le sens à donner à la Nation.

1950 - Naissance du néonationalisme (Québec)