La rude vie des voyageurs Les voyageurs sont presque sans exception canadiens ou métis de langue française. Ils travaillent dix-huit ou vingt heures par jour et se nourrissent surtout de lard salé, de pois, de blé d'Inde et de biscuits. S'ils travaillent sur le tronçon Montréal-Grand-Portage, on les appelle les « mangeurs de lard », même s'ils réussissent parfois à agrémenter leur menu d'un peu de poisson ou de venaison. Au dix-huitième siècle, le blé d'Inde est mêlé à du gras fondu pour donner un genre de pudding qui devient l'aliment principal de bon nombre de voyageurs. Ils mangent aussi à l'occasion du pemmican, nourriture indigène faite de viande séchée moulue en poudre, mélangée à de la graisse chaude et à des fruits séchés. Cela donne un pain ou des gâteaux de pemmican. Dans ses voyages au long cours, le voyageur mesure la distance en pipes, une pipe étant la distance parcourue entre deux pipées, soit environ 6,5 km. Il est reconnu, voire même célèbre, pour ses chansons, car il chante souvent et longtemps tant pour se désennuyer que pour travailler davantage. Il chante à pleine voix et au rythme de l'aviron. Son travail est épuisant ; un officier de l'armée britannique affirme en 1799 que nul homme au monde ne travaille aussi fort que le voyageur canadien. Il dort en moyenne quatre heures par nuit et est constamment éperonné pour aller plus vite. Tiré de Robert Choquette, L'Ontario français, historique, Montréal, Éditions Études Vivantes, p. 50-51. |