La cathédrale Notre-Dame d'Ottawa De la colline parlementaire à Ottawa, on peut apercevoir les deux flèches de la cathédrale Notre-Dame, la plus vieille église existante de la capitale. Peu de gens savent, cependant, que le chœur et le sanctuaire de cette église d'allure imposante renferment un ensemble des plus importantes sculptures canadiennes-françaises de ce continent. Première construction Le premier bâtiment consacré au culte, une chapelle de bois, n'est construit qu'en 1832, à l'emplacement même où se tient l'église actuelle. En 1841, les travaux de construction de la structure permanente en pierre commencent et c'est Monseigneur Charles de Forbin-Janson, évêque de Nancy et de Toul, qui en pose la première pierre. Une plaque placée en haut et à gauche de la nef latérale rappelle les détails de cet événement. À cette époque, le curé, le père Jean-François Cannon, projette de faire construire une basilique de pierre dans le style classique, que favorisent les principaux architectes de l'archidiocèse de Québec. Des spécialistes maçons-constructeurs qui ont travaillé à l'édification de Notre-Dame de Montréal, venus à Bytown pour construire les écluses du canal Rideau, sont alors disponibles. Sous la direction du contremaître Antoine Robillard, les murs de pierre de taille atteignent la hauteur d'un étage, mais la construction est arrêtée par manque de fonds. Choix du style gothique En 1844, le pastorat de la paroisse est confié aux pères oblats de France et c'est ainsi que le 26 février de cette même année, le père Adrien Telmon, architecte et supérieur de la nouvelle fondation, arrive à Bytown. Les oblats estiment que le style ogival, ou gothique, est plus approprié aux églises chrétiennes et décident de changer le style de l'édifice ; c'est ainsi que, de nos jours, la façade ouest combine des éléments de deux styles architecturaux. Au rez-de-chaussée, on remarque trois portails classiques dont le haut est arrondi ; chacun d'eux est flanqué de piliers toscans. Ces derniers semblent, à première vue, soutenir un entablement d'aspect sévère placé au-dessus d'eux. Ces portails rappellent par leur dessin l'arc de triomphe de l'ancienne Rome. Cependant, au-dessus des portes, au niveau de la galerie, on trouve de longues fenêtres surmontées d'arcs en ogive ou gothiques. À certains endroits à l'extérieur de l'église, l'architecte a visiblement modifié la pierre, afin de transformer deux des fenêtres, en arrondi à l'origine, en une seule fenêtre ogivale de style gothique. […] L'apport de Mgr Guigues [En 1848] Mgr Joseph-Eugène Guigues
est consacré premier évêque de Bytown, dans l'église
encore inachevée. Il voit, entre autres, à l'achèvement
des deux clochers, qui sont érigés en 1858, année
même où Ottawa devient la capitale du Canada. Les travaux à l'intérieur Alors que le premier évêque s'est employé à achever l'extérieur de l'église, son successeur, Mgr Joseph-Thomas Duhamel, se concentre sur la décoration intérieure. C'est en 1879, sous l'épiscopat de Mgr Duhamel, que Notre-Dame d'Ottawa est élevée au rang de basilique. Mgr Duhamel fait appel au chanoine Georges Bouillon, architecte du diocèse, pour dessiner les espaces intérieurs et les ornements gothiques de l'église. Sous sa direction, Philippe Pariseau et Flavien Rochon commencent à sculpter les immenses ornements de bois de la cathédrale, alors que le jeune artiste Louis-Philippe Hébert entreprend l'œuvre qui constitue le rêve du chanoine Bouillon, une image unifiée des splendeurs du paradis en termes monumentaux. Il faut savoir qu'à cette époque, à peu près le seul travail qui s'offre à un sculpteur est dans le domaine religieux ; heureusement pour Hébert, le chanoine Bouillon choisit un sculpteur canadien de préférence à un Français ou à un Italien, comme c'est la mode à ce moment-là. Philippe Hébert, selon son contrat initial, est engagé pour sculpter les reliefs de l'autel de la cathédrale, mais ce contrat se transforme et devient le plus important de sa carrière de sculpteur sur bois. Aidé d'un de ses élèves, Hébert passera sept ans, de 1880 à 1887, à réaliser d'énormes sculptures pour le chœur et le sanctuaire de Notre-Dame d'Ottawa. Tiré de Karen Stoskopf Harding, Architecture française en Ontario, Sudbury, Prise de Parole, 1987, p. 77-81. |