Une dictée sur l'assimilation par Patrice Desbiens

Je me promène dans les rues de Qué-
bec. Je cherche une quincaillerie car
j'ai besoin de petites choses pour mon
nouvel appartement :
c'est-à-dire un ouvre-boîtes et un
tire-bouchon.
Mais je ne me rappelle plus ce que
c'est quincaillerie en français
Hardware store
hardware store
hardware store
fait le rolodex de mon cerveau et
je marcher et je marcher et
hardware store
hardware store
et finalement
au coin de Sutherland et D'Aiguillon
je vois
QUINCAILLERIE RONA.
Soulagé, je rentre, la petite cloche
sonne derrière moi et
je me rends jusqu'au milieu du
magasin et un vendeur me demande
ce que je cherche et
can opener
can opener
corkscrew
corkscrew
et
la tête vide comme une casserole
neuve
je marche et je m'excuse de recu-
lons et je sors du magasin
la petite cloche sonne de reculons
devant moi et
je repars de reculons dans les rues
de Québec.

L'assimilation c'est comme
l'Alzheimer
ça pardonne pas.


Patrice Desbiens, Un Pépin de pomme sur un poêle à bois, Sudbury, Prise de parole, 1995, p. 43-44.