Revillon Frères

Tiré de Morris Zaslow, The Opening of the Canadian North, 1870-1914, Toronto, McClelland and Stewart, 1971, 239-240. Traduction par Myriam Coucke.

En plus des chasseurs, trappeurs et négociants blancs attirés par le commerce, toujours rentable, des fourrures du Nord canadien, une organisation rivale de la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH) avait vu le jour. Cette entreprise, la célèbre firme de couturiers parisiens, Revillon Frères, était la plus puissante et la plus vaste que la CBH avait eu à affronter depuis 1821. Son directeur, Victor Revillon, avait décidé qu’il serait plus avantageux d’avoir le contrôle de sa propre source d’approvisionnement au Canada plutôt que d’acheter ses marchandises dans les ventes aux enchères de la CBH à Londres ou dans les ventes et les foires européennes. Les activités de Revillon au Canada étaient principalement concentrées dans deux régions - autour de la baie d’Hudson et dans le nord du Québec ; dans le nord de la Saskatchewan et de l’Alberta. Beaucoup de ses employés étaient français et, dans l’ouest du Canada, Revillon travaillait dans des districts où les Métis étaient nombreux parmi les trappeurs. C’est pourquoi Revillon était connue comme la Compagnie française et on pensait (sans doute à tort) qu’elle jouissait de faveurs particulières auprès des influents missionnaires oblats, dont la plupart étaient aussi francophones. La Compagnie a ouvert une filiale à Edmonton en 1899 et l’a agrandie pour en faire son entrepôt principal en 1905. La même année, elle a aussi acheté les magasins Bredin et Cornwall dans le district de Peace River et un ranch pour approvisionner ses postes, d’où elle négociait des traités avec les Indiens et des contrats de fourniture pour la police. En 1911, la Compagnie était propriétaire de treize postes au nord et à l’ouest de Athabasca Landing. Après avoir ouvert un entrepôt à Prince Albert en 1904, elle avait acquis dix postes de plus, allant à l’est jusqu’à Le Pas et au nord jusqu’à DuBrochet et Nueltin Lake, au bord de la toundra arctique. La Compagnie dirigeait également une série de postes à Ungava, au Québec et à la baie James, qui étaient desservis par ses propres bateaux.