Ma soeur, tu viens faire ta visite

Chanson composée par Louis Riel vers 1870 lors de son exil aux Etats-Unis, dans le livre par le Comité du Club Saint-Joseph, Je me souviens : histoire de Saint-Louis et des environs, Saint-Louis (Saskatchewan), Comité du Club Saint-Joseph, 1980, citée dans Marie-Louise Perron, « Les groupes francophones en Saskatchewan et leurs chansons : héritage culturel et adaptation au nouveau lieu d'implantation », thèse de maîtrise, Université Laval, 1985, p. 92-93.

Ma soeur, tu n'étais que fillette
Au premier beau jour du printemps
Quand j'ai parti, chère Henriette.
Tu n'avais pas encore quinze ans.
De tous mes travaux politiques
Et mes luttes au Canada
Viens me conter les peines publiques
Du peuple que mon coeur fonda.

Banni, je viens auprès des lignes
Contempler mon pays natal
Revoir mes amis bons et dignes
Et mes parents de Saint-Vital.
Ils sont venus me voir par groupes
Chez mon ami Norman Gingras
Ils sont venus boire à ma coupe
Pendant les fêtes et les jours gras.

Ma soeur, tu viens faire ta visite
Au commencement du mois d'août.
En te voyant, mon coeur palpite
Ma soeur, ah, je t'aime beaucoup !
Reçois de me la bienvenue
Mon coeur t'embrasse en soupirant.
Lorsque mes yeux t'ont reconnue
C'était ceux d'un frère content.

J'aime ta taille mince et svelte,
Ton marcher modeste et posé
Cet esprit de métis, ta silhouette,
Joyeuse, franche et sans souci.
Tu prends soin de ta chevelure
Selon les règles du bon sens
Et les attraits de ta figure
Sont beaux sans être extravagants.

Les traits de ta figure brune
Apparaissent à mes yeux contents
Comme la clarté de la lune
Lorsque les nuits sont au beau temps.
Et le point où le jour se couche
Ne sera jamais plus vermeil
Que le sourire de ta bouche,
Ton regard me porte conseil.

Ah ! que mon âme est réjouie
D'entendre résonner ta voix.
Elle est plus douce à mon ennui
Que la musique des grands bois.
Retourne chez toi, Henriette,
Dans notre cher Manitoba
Va dire aux personnes inquiètes
Que je languis dans les États.