Québec
 
Gratien Gélinas
(1909-1999)

Archives nationales du Québec, P1000,S4,D83,PG23.

Comédien, metteur en scène, dramaturge et producteur, Gratien Gélinas est un véritable monument du théâtre québécois contemporain.

Né à Saint-Tite, il étudie au Collège de Montréal et à l'École des hautes études commerciales. Dès 1929, il joint les rangs de diverses troupes de théâtre. On l’entend aussi à la radio où, en 1937, il crée le personnage de Fridolin, jeune Montréalais débrouillard et faussement naïf. Entre 1938 et 1946, Fridolin devient la vedette des Fridolinades, sorte de revues musicales agrémentées de sketchs romantiques et de parodies sur l'actualité.

Gratien Gélinas écrit sa première pièce de théâtre, Tit-Coq, en 1948. Le désarroi du jeune soldat bâtard traduit la crise identitaire que traverse la société canadienne-française d’après-guerre. Le nombre de représentations est sans précédent au Canada. C’est la première œuvre dramatique québécoise présentée en français et en anglais. Tit-Coq est porté au grand écran en 1953.

Sa seconde pièce, Bousille et les Justes, est jouée pour la première fois en 1959, et s’avère encore plus virulente dans la critique des mœurs de la société. Bousille est un orphelin un peu simple d'esprit, serviteur et bouc émissaire d'une famille de petits entrepreneurs obnubilée par la promotion sociale. La dénonciation de l’hypocrisie est le thème majeur de son œuvre. Sept ans plus tard, Hier les enfants dansaient a pour sujet les tensions familiales exacerbées par la dispute entre Québec et Ottawa.

Auteur et acteur sur un grand nombre de scènes, y compris celle du prestigieux Théâtre de Stratford, artisan de la télévision et du cinéma, Gratien Gélinas s’implique activement dans la communauté artistique. En 1957, il fonde la Comédie canadienne pour promouvoir la dramaturgie québécoise. Il en assume la direction pendant 15 ans. En 1960, il contribue à la création de l’École nationale de théâtre et assume, de 1969 à 1978, la présidence de la Société de développement de l’industrie cinématographique (aujourd’hui, Téléfilm Canada). En 1986, il est coprésident du Groupe fédéral de travail sur le statut de l'artiste.