Québec |
Bibliothèque et Archives Canada, C-088566. |
Émile Nelligan a introduit certaines des grandes tendances littéraires européennes de son époque – le romantisme, le parnasse et le symbolisme – dans la poésie canadienne-française, qui s’ouvre ainsi à l'expression des sentiments et des états d'âme. Émile Nelligan crée dès la fin de l’adolescence – et sur une période d’à peine quelques années – une œuvre poétique de quelque 160 sonnets, chants et poèmes en prose qui marqueront l’histoire de la littérature canadienne française. La voix du poète, aux accents tristes et nostalgiques, évoque le temps qui passe et s’illumine par éclairs d’une vision hallucinatoire du monde. Deux de ses poèmes sont entrés dans la légende et lui ont assuré une postérité qui ne s’est jamais étiolée : « La romance du vin » et « Le vaisseau d'or ». Né en 1879, Émile Nelligan n’aura jamais quitté Montréal, sauf pour quelques séjours estivaux à Cacouna, dans le Bas-Saint-Laurent, et un voyage en Irlande effectué au début de la vingtaine. Il se lie d'amitié avec les écrivains Louis Dantin et Arthur Bussières, et participe aux rencontres de l'École littéraire de Montréal, où il récite brillamment ses poèmes. C'est à l’occasion de la dernière séance du groupe, tenue au Château de Ramezay en mai 1899, qu'il lit la « Romance du vin », poème qui le consacre aux yeux de ses pairs comme maître absolu de sa génération. C’est à la suite de cette soirée mémorable que l’esprit du poète s’égare. Il sombre dans la démence et est interné à Saint-Benoît, un institut psychiatrique. Il passera le reste de ses jours à l’asile. Grâce aux efforts de Louis Dantin, une centaine de ses poèmes sont réunis et publiés en recueil en 1903. |