Québec
 

1845
Établissement d’un système scolaire public permanent

L’éducation dans la colonie avait connu des débuts difficiles. En Nouvelle-France, l’éducation était largement assumée par les familles. Toutefois, pour christianiser la population, l’Église catholique avait mis en place quelques institutions scolaires sous la responsabilité de communautés religieuses d’hommes et de femmes. Après la Conquête, les écoles continuent de fonctionner, mais elles manquent de subsides : l’analphabétisme s’accroît, en particulier dans les campagnes.

Au début du 19e siècle, le Bas-Canada ne compte qu’une cinquantaine d’écoles privées tenues par l’Église catholique . Pour remédier à la situation, le gouvernement crée en 1801 une « Institution royale » dont le rôle est de veiller à la gestion des écoles publiques, qu’on prévoit implanter dans chaque paroisse ou canton. Mais le système s’avère un échec : le clergé y voit une tentative de l’État de protestantiser ses ouailles, les maîtres sont mal rémunérés et l’année scolaire ne convient pas à la majorité des familles de cultivateurs, dont les enfants contribuent au travail de la ferme.

Pour répondre à l’opposition du clergé, on met sur pied, en 1824, des écoles de fabrique, qui sont strictement confessionnelles, et sont gérées et subventionnées par les paroisses. Cependant, une soixantaine seulement voient le jour : la loi est mal connue, les fabriques sont souvent pauvres et beaucoup de curés ne sont pas sensibilisés à la question scolaire. Comme il est évident que l’État doit contribuer davantage, l’Assemblée adopte la Loi des écoles de syndic en 1829. Mieux subventionné et géré démocratiquement, ce troisième système scolaire connaît un succès instantané : en 1831, le Québec compte 1 216 écoles.

Dans la foulée des insurrections de 1837-1838 et du rapport Durham, un nouveau système est adopté en 1841. En 1845 et 1846, des lois, que l’on considère souvent comme « la grande charte de l’éducation », sont adoptées pour rendre le système scolaire public opératoire. À partir de ces années, la scolarisation et l’alphabétisation s’accroissent sans relâche.

Une série de lois adoptées au cours du 20e siècle fait augmenter la fréquentation scolaire. Ainsi, le pourcentage des enfants catholiques qui terminent leur cours primaire passe de 24 % en 1929 à 48 % dix ans plus tard. En 1943, en dépit de l’opposition de l’Église, le gouvernement libéral d’Adélard Godbout adopte la Loi de l’instruction obligatoire, qui impose la scolarisation des enfants de 6 à 14 ans, abolit les frais de scolarité au primaire et instaure la gratuité des manuels.

La réforme en profondeur des structures et des contenus scolaires est un des principaux objectifs du gouvernement de Jean Lesage, élu en 1960. Les études deviennent accessibles à tous les échelons, pour toutes les tranches de la société.L’instauration d’un ministère de l’Éducation en 1964 vient couronner la réforme.