Québec
 

1960
Essor des arts

 

 

La Révolution tranquille amène un renouveau dans les arts. L’« ’âme québécoise » continue de s’exprimer dans la littérature, mais un nouveau vent de créativité souffle, entre autres dans la chanson, qui connaît une véritable explosion.

Les années 1960 voient ainsi proliférer les groupes qui interprètent des traductions des grands succès américains et anglais : Elvis Presley et les Beatles sont très populaires. Inspiré par la musique psychédélique américaine, Robert Charlebois crée un style profondément original ; « Lindbergh », lancé en 1968, assure sa renommée.

Partout dans la province s’ouvrent des boîtes à chansons où des centaines de jeunes auteurs-interprètes tentent leur chance. L’un d’eux est Gilles Vigneault : sa poésie enracinée dans la tradition, sa voix éraillée et sa simplicité font rapidement de lui une grande vedette. Félix Leclerc, dont la réputation est déjà bien établie, continue de composer. De nouveaux artistes émergent, dont les Claude Léveillée, Jean-Pierre Ferland, Claude Gauthier et Pauline Julien, qui connaissent le succès.

La littérature se tourne vers des thèmes résolument contemporains. Dans son abondante oeuvre romanesque, Yves Thériault ouvre notamment l’imaginaire québécois au monde des Inuits et des Amérindiens. Le discours nationaliste se fait poésie : ainsi, Paul Chamberland publie un recueil de poèmes, Terre-Québec, dans lequel il prend fait et cause pour un nationalisme radical et proclame la nécessité d’une révolution qui transformera l’âme. L’âme est aussi au coeur des poèmes et des oeuvres en prose d’Anne Hébert et de Marie-Claire Blais, qui, chacune à sa façon, innovent par une combinaison de réalisme et de symboles. Le thème de la révolte inspire fortement André Major, Jacques Renaud et Hubert Aquin. Major ainsi que plusieurs autres auteurs font une large place dans leur écriture au langage populaire parlé, qui les aide à mieux traduire les états d’âme de leurs personnages. Cette intégration du « joual » suscite de vives controverses chez les critiques. Deux oeuvres marquent l’année 1970 : L’Homme rapaillé, recueil de poésie de Gaston Miron, et le roman Kamouraska, d’Anne Hébert.

Le théâtre connaît aussi un essor important. Michel Tremblay s’affirme en 1968 avec la pièce Les belles-soeurs, qui est montée à Montréal dans une mise en scène d’André Brassard. La langue y est crue et « joualisante ». Les dramaturges de la génération précédente continuent eux aussi de produire : Marcel Dubé présente plusieurs nouvelles pièces auxquelles Radio-Canada consacre pendant quelques années une demi-heure hebdomadaire. Retouché pour la télévision, le théâtre rejoint désormais toutes les couches de la population.