Le Nord : bastion de la culture Il est peu étonnant que la vie culturelle et artistique du Nord soit essentiellement liée aux institutions culturelles existantes, soit aux écoles et aux centres culturels, car il v a peu d'autres institutions culturelles. Les écoles secondaires de langue française ne sont pas nombreuses : seules les communautés de Kapuskasing, de Timmins, de New Liskeard, de North Bay et de Sturgeon Falls s'en sont dotées. C'est la formule de l'école secondaire mixte qui a prévalu ailleurs. Les centres culturels les plus développés se retrouvent généralement dans ces villes qui ont une école secondaire de langue française : le Centre régional des loisirs culturels à Kapuskasing, La Ronde à Timmins, les Compagnons des Francs Loisirs à North Bay et le Pavillon culturel de Nipissing Ouest à Sturgeon Falls. Ces centres culturels, comme ceux de Chapleau, d'lroquois Falls ou de Kirkland Lake, constituent les maillons d'une chaîne fragile de diffusion de spectacles ou de films français. Pour le chant choral et les ensembles musicaux, les écoles dominent, par exemple, à North Bay et à Kapuskasing. Par contre, le théâtre, à l'exception de l'école Thériault de Timmins (Les Flammèches), s'est surtout développé en dehors des institutions scolaires, par exemple, à Elliot Lake (Cercle Dramatonia), ou à Hearst (Fabrik à Pantouf). La Ronde de Timmins constitue le foyer d'arts visuels le plus actif du Nord. Hearst a connu un développement culturel et artistique singulier en dépit de sa situation éloignée et de sa petite population de moins de 5,000 habitants. La présence depuis un quart de siècle d'un collège classique devenu Collège universitaire affilié à l'Université Laurentienne de Sudbury aide à comprendre cet état de fait. Ce collège a répandu le goût des choses artistiques dans ses murs et à l'extérieur, et, par son encouragement de la production locale autant que par son accueil des groupes ou des artistes du Québec, il a créé un marché artistique régional. Ce milieu a été particulièrement sensible au programme Opération-Ressources que nous évoquons au quatrième chapitre. Hearst a ainsi eu au début des années 1970 un centre culturel très actif logé au collège : La Pitoune. Un théâtre original de marionnettes, La Fabrik à Pantouf, y est né. Des talents se sont manifestés en musique, en photographie, en sculpture de macramé, en peinture et en poésie. Mais la relève ne fut guère assurée ; le groupe s'est refermé sur lui-même et n'a pas su se renouveler. L'exode vers Ottawa et le repli du collège sur des tâches plus urgentes d'enseignenent expliquent l'affaiblissement du mouvement jusqu'à la fermeture de « La Pitoune » et la dispersion du groupe. (La suite se trouve dans le document suivant.) Tiré de Pierre Savard, P. Beauchamp et P. Thompson, Cultiver sa différence. Rapport sur les arts dans la vie franco-ontarienne, Ottawa, Conseil des arts de l'Ontario, 1977, p. 81-83.
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