Ottawa : une francophonie double

Aux yeux du Franco-Ontarien venant d'ailleurs en province, Ottawa apparaît comme une ville de choix pour les francophones. Siège d'un gouvernement fédéral et d'une administration publique bilingue où il est possible de travailler en français, la municipalité d'Ottawa elle-même est officiellement bilingue. La ville de Vanier, qu'il faut distinguer d'Ottawa, est majoritairement francophone. Sur le plan académique, la région compte sept écoles secondaires françaises et deux institutions d'enseignement supérieur officiellement bilingues : l'Université d'Ottawa, où les facultés des arts, des sciences sociales et de l'éducation sont à prédominance francophone, et le Collège Algonquin.

Sur le plan culturel et artistique, Ottawa offre au Centre National des Arts un grand choix de spectacles en français, tandis que la Galerie Nationale des Arts et le Musée de l'Homme organisent des expositions d'oeuvres françaises ou canadiennes-françaises. Le Secrétariat d'État, la Bibliothèque Nationale, la Commission de la Capitale Nationale, la municipalité, les ambassades des pays francophones, l'Alliance française, la Société Radio-Canada et l'Office National du Film présentent des manifestations artistiques et culturelles en français. Les francophones peuvent aussi profiter de spectacles de chansonniers à Camp Fortune ou à l'Astrolabe, de festivals de films français et des événements culturels français dans le cadre de Festival Canada, l'Exposition du Canada central etc.

C'est à Ottawa que se trouvent les sièges sociaux de la plupart des associations provinciales franco-ontariennes : l'Association canadienne-française de l'Ontario, Direction-Jeunesse, l'Association des Enseignants franco-ontariens, Théâtre-Action, l'Association française des conseils scolaires de l'Ontario, la Conférence Laurentienne de l'Association des Scouts du Canada, les Guides catholiques du Canada, la Fédération des Associations de parents et instituteurs de langue française de l'Ontario, la Fédération des caisses populaires de l'Ontario, la section provinciale de l'Ontario de la Fédération des femmes canadiennes-françaises, la Fédération des sociétés Saint-Jean-Baptiste de l'Ontario et Club d'entraide, l'Union des cultivateurs franco-ontariens, l'Association des journaux de langue française de l'Ontario, l'Association des surintendants franco-ontariens, l'Office provincial de l'éducation chrétienne de l'Ontario, le Conseil de la coopération de l'Ontario, Région-Ontario du Richelieu International.

Il y a, à Ottawa, un quotidien français, cinq postes de radio française en comptant les deux de Hull, la télévision française de Radio-Canada, celle de Télé-Métropole par câble, celle jusqu'à tout dernièrement de CFVO qu'on parle de remplacer par Radio-Québec et celle, partiellement française de TV Ontario. Ottawa compte également des artistes franco-ontariens locaux côtoyant d'autres artistes venus des quatre coins de la province, quelques groupes de théâtre, chansonniers et peintres, pour ne mentionner que ceux-là.

L'image première qu'évoque Ottawa pour le Franco-Ontarien d'ailleurs en province est donc celle d'une métropole où les francophones sont comblés tant par la variété que par le nombre des activités sociales, culturelles et artistiques, dans leur langue.

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Cette vision de la francophonie d'Ottawa est, en fait, quelque peu fausse. La mentalité que l'on retrouve dans divers échelons de bilinguisme institutionnel fédéral, le milieu universitaire, les cercles diplomatiques et d'autres milieux relativement privilégiés est celle d'une francophonie internationale de Paris, Montréal ou Québec. C'est une francophonie somme toute artificielle : elle n'est pas enracinée en terre ontarienne, elle n'a pas d'attaches locales, elle est en perpétuel transit.

En marge de cette francophonie en transit, il existe cependant une autre francophonie, pour laquelle la ville d'Ottawa est le milieu de vie quotidien, milieu où elle est née ou qu'elle a adopté, et qui a son propre dynamisme et sa propre vie économique, sociale et culturelle.

(La suite se trouve dans le document suivant.)

Tiré de Pierre Savard, P. Beauchamp et P. Thompson, Cultiver sa différence. Rapport sur les arts dans la vie franco-ontarienne, Ottawa, Conseil des arts de l'Ontario, 1977, p.57-59.

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