Ouest-Nord-Ouest

1912
Fondation de l’Association
franco-canadienne de la Saskatchewan

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L’une des associations « nationales » de l’Ouest, l’Association franco-canadienne de la Saskatchewan, devenue l’Association catholique franco-canadienne de la Saskatchewan en 1913, puis l’Association culturelle franco-canadienne de la Saskatchewan en 1964, est mieux connue sous le sigle d'ACFC. Elle est le porte-étendard de la communauté de langue française de la province et son principal défenseur.

En 1912, lorsque la Société du parler français au Canada annonce la tenue d’un congrès de la langue française à Québec, le mouvement qui conduit à la fondation de l’ACFC s’accélère. Il existe alors en Saskatchewan plusieurs Sociétés Saint-Jean-Baptiste, mais elles manquent de cohésion ; une Société Saint-Jean-Baptiste de la Saskatchewan est formée en juin 1909, mais elle n’a pas beaucoup de succès, en partie en raison de la diversité des origines des francophones de la province.

On forme donc un nouveau regroupement pour désigner la délégation de la Saskatchewan au congrès de Québec et pour préparer ses interventions. C’est dans ce but que 450 personnes se rassemblent à Duck Lake en février 1912. D’abord sous l’égide de la Société du parler français, ce nouveau groupe adopte sa constitution et son nouveau nom au retour du congrès en juin 1912.

L’objectif de l’Association est d’unifier la population de langue française de la province, tant canadienne-française qu'originaire d’Europe, tant celle du sud que celle du nord, « dans le but de promouvoir leurs intérêts, de les protéger au besoin et de défendre leurs droits ». Quant aux Métis, ils n'adhèrent pas à la nouvelle organisation.

Pendant longtemps, les cercles locaux, regroupés en régions, forment la base de l’ACFC. Dès 1915, Le Patriote de l’Ouest devient son organe officiel et le demeure jusqu’à sa fusion avec La Liberté en 1941. Jusqu’aux années 1960, les principaux champs d’action de l’ACFC se situent dans les domaines de l'éducation, de la colonisation et des médias. Elle fait continuellement campagne pour l’accroissement de la population de langue française et se préoccupe des intérêts des agriculteurs lors de développements majeurs comme la mise sur pied en 1924 du Wheat Pool, grande coopérative de manutention et de mise en marché du blé, ou la création et l'expansion du mouvement coopératif au cours des années 1940 et 1950. Elle participe directement à l’organisation des « Voyages de la survivance » au Québec entre 1925 et 1928. Comme les autres associations « nationales » des Prairies, elle joue un rôle majeur dans la fondation de stations radiophoniques, notamment à Gravelbourg et à Saskatoon.

L’ACFC brille par son engagement dans le domaine de l’éducation : maintien de l’enseignement en français, recrutement de personnel enseignant au Québec et en Ontario, reconnaissance des brevets, élaboration et mise à jour d’un programme d’enseignement du français. Pendant plusieurs années, l'Association joue le rôle de ministère de l’Éducation pour l’enseignement en français : elle obtient les manuels adéquats, organise un concours annuel et inspecte les écoles.

Au cours des années, l’ACFC fait face à de nombreuses crises. C'est le cas en 1918, lorsque le gouvernement décide d’imposer l’enseignement en anglais. Mais les démarches de l’archevêque de Regina, Mgr Olivier-Elzéar Mathieu, et de l’ACFC permettent de maintenir l’enseignement du français pendant une heure et demie par jour, incluant une demi-heure de catéchisme. Une seconde crise grave se produit entre 1927 et 1934, avec une offensive menée par le Ku Klux Klan. En 1931, le gouvernement conservateur de J.T.M. Anderson abolit complètement l’usage du français, qui est cependant rétabli en 1934 par le gouvernement Gardiner, suite aux pressions de l’ACFC et de la hiérarchie catholique.

La prise en charge de cet enseignement par le ministère de l’Éducation au cours des années 1960 permet à l’ACFC de diriger ailleurs ses énergies. Signe des temps, elle se déleste de l'épithète « catholique » et se réoriente vers d’autres activités. Elle encourage la communauté fransaskoise à prendre conscience de sa spécificité et de son identité et stimule son épanouissement et son rayonnement dans tous les domaines. En 1988, la décision de la Cour suprême dans l’affaire Mercure et l’intervention subséquente du Secrétariat d’État dans une première entente Canada-communauté accordent une place considérable à l’ACFC, comme organisme de rassemblement et de planification pour l’avenir de la communauté fransaskoise. En 1999, l’ACFC est remplacée par l’Assemblé communautaire fransaskoise, qui représente toutes les régions de la province.

1926-1934 - Le Ku Klux Klan s'en prend aux Franco-Canadiens catholiques (Ouest)

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