Québec |
Robert James Manion, Bibliothèque et Archives Canada, C-003307. |
La cantatrice Emma Lajeunesse, mieux connue sous son nom de scène d’Albani, connaît la gloire sur les plus grandes scènes du monde à la fin du 19e siècle. Née à Chambly, dans le sud du Québec, en 1847, Emma Lajeunesse commence ses études en anglais dans une école de l’État de New York et les poursuit au couvent du Sacré-Cœur à Montréal. Son père, qui est un musicien talentueux, lui donne sa première formation musicale. Emma Lajeunesse chante pour la première fois en public à l’âge de sept ans, au Mechanics’ Hall à Montréal, devant la bonne société de la ville. À quinze ans, elle prend le poste d’organiste à Saratoga Springs, dans l’État de New York, grâce à l’intervention de l'abbé John Joseph Conroy, futur évêque d’Albany (la capitale de l’État). Certains voient le choix du nom de théâtre « Albani » qu’elle prendra plus tard comme un hommage à cet évêque. Une autre explication veut que le mæstro Lamperti de Milan lui ait suggéré le nom d’une ancienne famille italienne. Ces deux explications reflètent deux tendances souvent antagonistes dans l’idéologie de l’élite canadienne-française de l’époque : une attirance pour la culture européenne et le désir de faire valoir les qualités du continent nord-américain. En 1868, Emma Lajeunesse part étudier en Europe, d’abord à Paris, puis à Milan. Elle fait ses débuts à l’opéra de Messine, en Sicile, en 1869. Sa célébrité sera consacrée par son interprétation de Mignon, d’Ambroise Thomas, à Florence en 1871-1872. Albani chante dans la plupart des capitales européennes et se produit également aux États-Unis. Jusqu’à sa retraite, en 1896, elle reste une des chanteuses d’opéra les plus appréciées sur la scène internationale. En 1883, alors grande vedette de la scène, Albani se produit pour la première fois devant un auditoire canadien. Le journaliste Laurent-Olivier David publie un long article dans lequel il souligne la capacité de la chanteuse à créer le consensus parmi des groupes souvent divisés : « Anglais, Canadiens français, Irlandais rivalisaient d’enthousiasme. ». Il ajoute qu’elle représente les valeurs canadiennes-françaises sur la scène mondiale : « On s’applaudissait qu’une Canadienne-française eût donné au monde le spectacle si rare de la vertu dans un monde où elle est fort négligée. » Emma Lajeunesse épouse Ernest Gye, propriétaire du Covent Garden à Londres, où elle gardera sa résidence principale jusqu’à la fin de sa vie. 1840 - Début de l’émigration de masse vers les Etats-Unis (Québec) |