Ouest-Nord-Ouest

1844
Implantation des congrégations religieuses de femmes dans l'Ouest

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Les Sœurs Grises, ou Sœurs de la Charité de Montréal, appartiennent à la première communauté religieuse de femmes à œuvrer dans l’Ouest canadien. Au cours des décennies suivantes, d'autres communautés arriveront dans l'Ouest, mettant sur pied des établissements pour s’occuper d’éducation, de soins de santé et de services sociaux pour les populations amérindienne, métisse, canadienne-française, francophone et autres. Plusieurs de ces établissements, dont des hôpitaux, existent encore et symbolisent leur contribution au développement de l’Ouest.

Les quatre premières Sœurs Grises débarquent à Saint-Boniface en 1844, après un voyage en canot de deux mois. Leur arrivée est marquée par le carillon de trois cloches, nouvelles venues elles aussi. Les sœurs répondent à l’appel pressant de Mgr Joseph-Norbert Provencher. Dès leur arrivée, elles se mettent à la tâche, sous la direction de sœur Marie-Louise Valade. Elles établissent leur hôpital général, pour le soin des pauvres, des infirmes et des orphelins, et une école pour les enfants et les jeunes filles.

Avec les années, des sœurs venant de Montréal et de Bytown se joignent à elles. Un second établissement a lieu en 1859, au lac Sainte-Anne, en Alberta, où les sœurs fondent l’Asile d’Youville, pour s’occuper des populations amérindienne, métisse et blanche. Avec l’arrivée d’autres communautés religieuses de femmes durant la deuxième moitié du 19e siècle et au début du 20e siècle, les Sœurs Grises concentrent davantage leurs énergies dans le domaine hospitalier. Elles fondent, entre autres, l’hôpital Holy Cross de Calgary (1891), l’Hôpital général d’Edmonton (1894) et celui de Gravelbourg (1928).

Plusieurs autres communautés de femmes œuvrent dans l’Ouest canadien. C’est surtout dans le domaine de l’enseignement qu’elles se signalent. Les Sœurs de Sainte-Anne, fondée au Québec en 1850, s’installent à Victoria dès 1858, pour essaimer ensuite vers l’intérieur de la Colombie-Britannique (Kamloops et Fort Nelson). Les Sœurs des Saints-Noms de Jésus et Marie s’installent à Winnipeg en 1874.

Congrégation fondée dans la région de Nicolet en 1853, les Sœurs de l’Assomption installent leur première communauté à Onion Lake, dans le nord de la Saskatchewan, en 1891. Elles ouvrent pensionnats et écoles, d’abord pour les enfants amérindiens, puis pour les enfants des Blancs et les jeunes Canadiennes-Françaises. Elles s'établissent aussi, entre autres, à Hobbema (réserve amérindienne en Alberta), à North Battleford et à Val-Marie en Saskatchewan. Le Pensionnat l’Assomption à Edmonton, qu’elles fondent en 1926 et qui devient l’Académie l’Assomption en 1960, est l’institution pour les jeunes filles de l’élite albertaine et d’une partie de l’Ouest.

Rendues disponibles par la sécularisation de l’éducation en France, les Filles de Jésus arrivent de Bretagne à la demande de Mgr Émile Legal. Les premières s’installent à Edmonton et à Saint-Albert en 1902, au service des membres du clergé. Au cours des années suivantes, avec l’augmentation de leurs effectifs, elles en viennent à s’occuper principalement d’enseignement au niveau élémentaire et secondaire. Elles se retrouvent dans plusieurs villes et villages de l’Alberta et même du Montana.

Les congrégations religieuses sont souvent identifiées à une région ou, plus spécifiquement, à un diocèse, car elles sont soumises à l'évêque. Les Sœurs de Sainte-Croix ont exercé leurs talents d'enseignantes dans les écoles de la région de Rivière-la-Paix, dans le nord-ouest de l'Alberta ; les filles de la Providence répondent à l'appel de l'évêque de Prince-Albert, Mgr Albert Pascal, dès 1897 et elles s'occupent de l'enseignement dans plusieurs écoles du nord de la Saskatchewan.

En plus de l'enseignement et du service aux malades et aux pauvres, les communautés religieuses sont les servantes du clergé. Les Sœurs Grises commes les Sœurs de l'Assomption, les Sœurs de Sainte-Croix et les Filles de Jésus se chargent des travaux domestiques dans les évêchés, les maisons de formation et les presbytères. Certaines, comme les Sœurs de la Charité d'Evron, venues de France, et les Sœurs de Sainte-Marthe, venues du Québec, le font exclusivement. Il faut aussi signaler au moins une communauté de femmes dédiée à la contemplation : les Sœurs Adoratrices du Précieux Sang qui s'installent à Saint-Boniface en 1918.

Les communautés de femmes se transforment vers la fin des années 1960, avec la laïcisation des écoles et des établissements et le changement au sein de l’Église à la suite du deuxième Concile du Vatican. Leurs effectifs diminuent : plusieurs membres abandonnent la communauté et les recrues se font de plus en plus rares. Par conséquent, leur place dans la société n’est plus la même. Certaines, comme les Sœurs Grises à Edmonton, continuent d’œuvrer dans les hôpitaux. D’autres jouent un rôle accru au niveau de la pastorale paroissiale. Mais pour la plupart, leur rôle se situe davantage au niveau du service social, à savoir, l’aide et l’assistance aux plus démunis.

1639 - Arrivée des communautés religieuses féminines (Québec)

1833 - Fondation du Collège de Saint-Boniface (Ouest)

1844-1845 - Arrivée en Ontario des Missionnaires Oblats de Marie-Immaculée et des Sœurs Grises de la Croix (Ontario)

Mathilde Hamel (1834-1917) (Ouest)

Joseph-Norbert Provencher (1787-1853) (Ouest)