Ouest-Nord-Ouest

Gabrielle Roy
(1909-1983)

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« De même que Balzac est français, Dickens anglais, Gabrielle Roy, elle, est canadienne. » Cette phrase de Monique Genuist campe bien la romancière et l’écrivaine d’origine franco-manitobaine dont l’oeuvre, fortement influencée par les paysages et le monde cosmopolite de l’Ouest, reflète le Canada et rejoint l’universel. Bien qu’elle ait passé sa vie d’écrivaine au Québec, le Manitoba français la considère comme sienne et se la réapproprie. Comme Antonine Maillet en Acadie, l’écrivaine et son oeuvre contribuent à la construction de l'identité franco-manitobaine.

Gabrielle Roy est née à Saint-Boniface en 1909, la fille d’un agent-colonisateur et la plus jeune d’une famille de huit enfants. Elle étudie à l’Académie Saint-Joseph, le principal établissement pour filles de langue française de Saint-Boniface, dirigé par les soeurs des Saints Noms de Jésus et Marie. Elle y reçoit l’éducation d’une jeune fille de bonne famille. Élève modèle, elle se prépare d’abord pour l’enseignement, comme deux de ses soeurs avant elle et plusieurs jeunes Franco-Manitobaines. En 1929, elle obtient son brevet d’institutrice de première classe au Provincial Normal School de Winnipeg.

Roy enseigne d’abord à Marchand et à Cardinal, dans le sud de la province, mais c’est à Saint-Boniface qu’elle vit la crise économique des années 30, comme enseignante à l’Institut Provencher, école élémentaire et secondaire pour garçons. Cherchant à se démarquer du milieu canadien français, elle devient membre du Cercle Molière, à saveur européenne, participe à ses rencontres littéraires mensuelles et fait du théâtre en français et en anglais. Elle commence à écrire et elle fait l'apprentissage de l’écriture, mais elle croit plutôt avoir trouvé sa voie dans le théâtre. En 1937, elle décide d’aller étudier l’art dramatique à Paris, puis à Londres.

En 1939, à l’approche de la guerre, elle revient au Canada et s’installe à Montréal. Elle y travaille comme journaliste à la pige et continue d'écrire des récits, d'abord dans Le Jour puis dans La Revue moderne, Le Bulletin des agriculteurs et d’autres revues. Durant ces années, elle observe la vie du quartier ouvrier de Saint-Henri, ce qui lui fournit la matière de Bonheur d’occasion, publié en 1945. Ce premier roman lui vaut la renommée : elle reçoit la médaille de l’Académie canadienne-française en 1946, le prix Femina en 1947, l’admission à la Société royale du Canada la même année et la médaille Lorne-Pierce en 1948. La version anglaise du roman, The Tin Flute, est choisie comme le livre du mois de mai 1947 par la Literary Guild of America. Au cours des années, le roman a été traduit en quinze langues ; en 1983, il est porté à l’écran.

À la suite de ce premier succès, Gabrielle Roy s’établit à Québec et se consacre exclusivement à l’écriture. Son oeuvre est composée de dix-sept livres, dont trois ouvrages posthumes ; elle comprend des romans, des contes pour enfants, des récits, de même qu’une autobiographie, La détresse et l’enchantement (1984), qui couvre la première moitié de sa vie. Gabrielle Roy meurt en 1983, après une carrière couronnée de nombreuses distinctions et prix, dont le prix du Gouverneur général à trois reprises (1947, 1955 et 1977), le prix Ludger-Duvernay pour l’ensemble de son oeuvre (1956), le prix David (1971) et le prix Molson (1978). Première femme admise à la Société royale du Canada, elle est également faite compagnon de l’Ordre du Canada en 1978. Un timbre en son honneur est émis en 1996, la plaçant parmi les cinq grands écrivains canadiens.

Le thème central de l’oeuvre de Gabrielle Roy est la peine et la solitude humaines que rachètent l’amour implicite dans la création et l’espérance d’un monde de réconciliation entre tous les êtres humains. Plusieurs de ses romans portent sur son Manitoba natal, mais l’oeuvre de Roy n’y est pas entièrement consacrée. Elle comporte de nombreux sujets comme la vie ouvrière, la solitude, le monde de l’artiste, la diversité des cultures, la nature, l'enfance.

1925 - Fondation du Cercle Molière (Ouest)

1960 - Essor des arts (Québec)

René Richard (1895-1982) (Ouest)