Québec |
Marcelle Ferron Archives nationales du Québec, E10, 83-526, D5. |
Jacques, Marcelle et Madeleine Ferron grandissent dans une famille bourgeoise de Louiseville. Ils perdent tôt leur mère. Leur père, notaire de profession, élève ses cinq enfants avec une étonnante libéralité pour l’époque, traitant garçons et filles sur un pied d'égalité. Dès les années 1940, ces jeunes libres penseurs participent à la transformation de la société québécoise. En 1945, Jacques (1921-1985) obtient un doctorat en médecine de l'Université Laval et pratique d’abord en Gaspésie, puis dans les quartiers populaires de Montréal. Dès cette époque, il écrit des historiettes et s’adonne à la critique littéraire dans des revues et des journaux identifiés à la mouvance gauchiste, en plus de publier des pièces de théâtre à compte d'auteur. Candidat défait du NPD aux élections fédérales de 1958, il fonde, en 1963, le parti Rhinocéros, véhiculant une parole de « guérilla intellectuelle » qui ridiculise la politique fédérale. Nationaliste convaincu, il se présente sous la bannière du Ralliement pour l'indépendance nationale (RIN) aux élections provinciales de 1966. En 1962, il se tourne vers les contes et le roman et reçoit le prix du Gouverneur général du Canada pour ses Contes du pays incertain. Dix ans plus tard, le prix France-Québec lui sera remis pour Les Roses sauvages. Prolifique, il publie plus de 1 000 chroniques satyriques qui lui valent le surnom du Voltaire québécois. Son œuvre, à la fois fantaisiste et critique, est ancrée dans le patois québécois et s'inspire de son travail de médecin dans les campagnes et dans le paysage urbain des quartiers ouvriers. Elle est récompensée par le prix Athanase-David en 1977. Sa cadette, Madeleine (née en 1922), termine ses études secondaires chez les sœurs de Sainte-Anne à Lachine, puis suit des cours en auditrice libre à la Faculté des lettres de l'Université de Montréal. En 1945, elle épouse l'avocat et homme politique Robert Cliche (1921-1978) qui la ramène dans sa Beauce natale. Sa terre d’adoption devient sa source d’inspiration littéraire. Elle collabore à plusieurs revues et journaux, ainsi qu'à des émissions de radio et de télévision. De 1975 à 1984, elle siège à la Commission des biens culturels du Québec. Madeleine Ferron reçoit plusieurs prix et distinctions littéraires, en particulier pour ses romans La Fin des loups-garous (1966) et Le Baron écarlate (1971). Sa prose s’ancre dans l’ethnographie et captive, en mêlant magie et mythes à la vie quotidienne de ses personnages. Marcelle (1924-2001) est une figure dominante du 20e siècle dans le domaine des arts plastiques, au Québec et au Canada. Après des études secondaires chez les sœurs de Sainte-Anne, puis au Collège Marguerite-Bourgeois de Montréal, elle s'inscrit à l'École des beaux-arts de Québec. Très tôt, elle abandonne ses études, insatisfaite du manque d’intérêt de ses professeurs pour l'art moderne. Disciple de Paul-Émile Borduas, elle rejoint le groupe des automatistes québécois et cosigne le manifeste du Refus global en 1948. Lorsque le groupe commence à s'effriter en 1953, elle part pour la France avec ses trois filles. Elle y vit treize ans et se taille une place enviable parmi les artistes de la peinture moderne. En 1961, elle rafle la médaille d'argent à la Biennale de São Paulo. Auréolée d’une solide réputation internationale, elle revient au Québec en 1960. Son retour correspond à une nouvelle démarche artistique ; elle s’initie à la verrerie. En collaboration avec une entreprise de Saint-Hyacinthe, elle met au point une méthode pour édifier des murs de lumière. Elle crée des murales pour l'Expo 67, pour le métro de Montréal et pour plusieurs édifices publics du Québec. En 1983, Marcelle Ferron est la première femme à recevoir le prix Paul-Émile Borduas pour l’ensemble de son œuvre. Elle revient à la peinture en 1985. 1948 - Manifeste du Refus global (Québec) 1960 - Essor des arts (Québec) |