Québec
1901
En 1893, l’Église catholique, inspirée par l’encyclique Rerum Novarum de 1891, entreprend de combattre les syndicats nationaux et internationaux, qui sont en plein essor. C’est ainsi que huit ans plus tard, en 1901, Mgr Louis-Nazaire Bégin, archevêque de Québec, instaure le syndicalisme catholique à l’occasion d’une grève des travailleurs de la chaussure. À partir de 1907, des prêtres comme l’abbé Eugène Lapointe, de Chicoutimi, s’érigent en ardents défenseurs de ce mouvement, qui comptera jusqu’à 17 600 membres en 1921, année où se tient le congrès de fondation de la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC). Les syndicats catholiques jouissent donc d’une certaine popularité ; ils vont même jusqu’à supplanter les syndicats nationaux dans les petites entreprises et les petites villes. Mais leur caractère confessionnel, leur insistance à prôner la paix sociale et leurs préoccupations plus morales que professionnelles constituent des handicaps à leur développement dans les grandes entreprises, lesquelles sont dominées par les capitaux étrangers et composées de travailleurs d’origines et de croyances diverses. Les associations ouvrières catholiques n’auront ainsi jamais l’influence des syndicats internationaux ni autant de membres, et elles ne parviendront guère à s’implanter dans la région montréalaise. Les chiffres sont à cet égard révélateurs : en 1931, les deux tiers des syndiqués québécois sont représentés par les syndicats internationaux. En 1942, la CTCC engage son premier administrateur, Jean Marchand, et nomme Gérard Picard à la présidence. L’année suivante, elle entreprend un processus de déconfessionnalisation en accueillant dans ses rangs des travailleurs non catholiques et en retirant à l’aumônier son droit de veto sur les grèves. Sans abandonner complètement ses tendances corporatistes, la centrale se donne en outre des objectifs d’ordre socioéconomique, tels que la planification de la production et la répartition plus équitable des biens et des services. Guidée par Gérard Picard, elle devient plus humaniste et plus démocratique ; elle prône la copropriété, la cogestion et la participation aux bénéfices. Un fonds de grève est instauré en 1948. LA CTCC abandonne en 1960 l’épithète de « catholique » et change son nom pour celui de Confédération des syndicats nationaux (CSN), qui a toujours cours aujourd’hui. 1841 - Renouveau catholique (Québec) 1911 - Création de l’École sociale populaire (Québec) 1949 - Grève de l’amiante (Québec) 1960 - Accroissement de la désacralisation et de la décléricalisation (Québec) Laure Gaudreault (1909-1975) (Québec) Jules Helbronner (Gagnepetit) (1844-1921) (Québec) Louis Laberge (1924-2002) (Québec) |