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Edouard Lambert
St. Boniface, Man.
14 janvier 1923Cher oncle
Je vais vous écrire pour vous dire comment nous sommes sauvés au feu du collège et ce qui c'est passé un peu avant le feu.
La veille j'avais porté mes patins au cordonnier pour les faire réparer, (c'était vos patins que memère m'avait donné je les aimais bien) car on avait arrosé toute l'après-midi, le soir je suis allé conduire Antoinette chez une de ses amies et je suis retourné chercher mes patins sa m'a couté 50¢ et je les avais aportés au collège, puis on a eu une belle séance par les philosophes, de la chimie une démonstration du mouvement Perpétuel et d'autres choses.
Vers 11.15 nous nous sommes couchés, puis vers 2.15 on m'a dit que le Père Gervais avait allumé les lumières puis elles se sont éteintes peu après, c'est là ou je me suis eveillé pas assez pour me lever, et Albert m'a reveillé puis le Préfet a sonné les cloches pour éveiller tout le monde. Et chez les grands (les universitaires) c'était le père Beaulac qui gardait leur dortoir il en sauva plusieurs en les empêchant de passer par la porte pour descendre par le millieux. Alors le père Gervais a crié par l'escalier de sauvetage, le père Dévarenne se mit sur le sauvetage pour faire descendre ceux qui avait peur et le père Gervais au dedans pour maintenir l'ordre du mieu qu'il pouvait, j'ai courru au sauvetage avec mon coat et mes culotte sur le bras, je suis descendu un des premiers et enbas le Père Bernier envoyait les Elèves à la maison vicariale moi j'ai été à la porte de la récréation pour essayer de sauver mes patins et mon gros par dessus, je n'ai pas pu ouvrir la porte alors je suis retourné en arrière du collège et il y avait des grands qui criaient is there a good place to jump, ils y en avaient qui jetaient leur matelats et sautaient dessus durant tout ce temps j'était en jaquet et j'ai couru à la maison rendu en face de la rue Masson j'ai rencontré les pompiers et au coin de la rue Aulneau et Provencher j'ai rencontré une police qui me dit (where are you going boy) il était trop aveugle pour voir le collège en feu et je suis arrivé à la maison toujours en jaquet et les pieds coupés je me suis habillé et je suis retourné au collège qui était en flame, j'ai vu la chimie tombé comme un bloc enflammé, je vous assure que c'était un gros feu, on a perdu beaucoup nous voilà réfugié au Séminaire nous avons pour pupitre deux tréteans et un madrier, ce n'est plus notre vieux Collège. Nous sommes externes car il n'a plus de place et nous n'avons pas de beaux jeux, nos livres sont tous brûlés, nous en avons trouvés quelques uns et les père nous en ont donné aussi, mais il en manque encore beaucoup je vais finir ma lettre car c'est tout ce que j'ai a dire aujourd'hui.
Le bon Père Longpré s'informe souvent de vous, je vous souhait une bonne et heureuse Année
De votre neveux,
Edouard Lambert.
Source : Edouard Lambert. Lettre à son oncle. 14 janvier 1923. (Archives de la Compagnie de Jésus,
B0-13, 17, 4) © 2001 Collège universitaire de Saint-Boniface