Ouest-Nord-Ouest

1885
Rébellion du Nord-Ouest

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Dans les années suivant la création de la province du Manitoba, une bonne partie de la population métisse quitte la nouvelle province et s’établit dans l’actuelle Saskatchewan. Batoche et Saint-Laurent sont les plus importants des villages ainsi fondés.

Plusieurs facteurs jouent dans le déplacement des Métis. Une partie d’entre eux continuent de pratiquer la chasse au bison, et l’amenuisement des troupeaux oblige les familles à se déplacer vers les troupeaux qui restent. En outre, l’octroi de terres prévu par la Loi sur le Manitoba est mal administré et très peu des ayants droit métis reçoivent leurs terres. De plus, les Métis qui possédaient déjà des terres au Manitoba trouvent profitable de les vendre lorsque les prix augmentent avec les vagues de colons qui viennent s’y installer.

La vie métisse est donc en train de changer. Ceux qui vivent de la chasse au bison doivent composer avec le fait qu’à toutes fins pratiques, il n'existe plus de troupeaux de bison après 1882. Par ailleurs, le transport des marchandises, pour lequel les Métis constituaient la main-d’œuvre principale, se fait de plus en plus par navire à vapeur.

La question des droits de propriété métis, déjà très importante quinze ans plus tôt au moment de la création du Manitoba, devient absolument critique durant cette période de changement.

À Saint-Laurent, Gabriel Dumont voit venir ces changements et la nécessité de s’organiser politiquement et économiquement afin de les affronter. Il forme des comités qui envoient des pétitions revendiquant les mêmes droits que ceux des autres colons, c’est-à-dire une représentation métisse au Conseil des Territoires du Nord-Ouest, une aide à l’agriculture, la construction d’écoles, des octrois de terres et la confirmation de titres de propriétés déjà occupées.

Le Conseil des Territoires du Nord-Ouest paraît réceptif aux demandes des Métis, mais le gouvernement canadien les ignore. L’agitation monte donc et, comme quinze ans auparavant, les Métis revendiquent leur propre gouvernement. Finalement, en juin 1884, Gabriel Dumont organise une délégation qui se rend au Montana pour demander à Louis Riel, exilé, de prendre la tête du mouvement de revendication. Riel accepte.

Arrivé à Batoche, Riel passe plusieurs semaines à préparer une liste de griefs et de droits à revendiquer. Comme au Manitoba quinze ans plus tôt, il demande l'établissement d'un gouvernement métis et le respect des droits de propriété des Métis. La liste est envoyée au gouverneur-général en décembre. Mais les propositions de règlement de l’agent des terres fédéral sont loin de satisfaire les Métis.

Un gouvernement provisoire est formé le 19 mars 1885. Riel voudrait trouver une solution pacifique à la situation, mais Gabriel Dumont encourage l'emploi des armes. Quelques jours après la formation du gouvernement provisoire, une expédition est envoyée à Duck Lake pour saisir les provisions d’un entrepôt. Elle y tombe sur un contingent de policiers : quinze policiers et cinq Métis trouvent la mort dans l’affrontement. La rébellion est commencée. Elle est appuyée par quelques bandes amérindiennes des environs, engagées elles aussi dans l’action en raison de leur propre insatisfaction à l’égard du gouvernement d'Ottawa.

La réaction du gouvernement ne se fait pas attendre. Il mobilise les forces policières de la Police montée royale du Nord-Ouest et envoie plus de 3 000 soldats canadiens. Utilisant les parties construites du chemin de fer du Canadien Pacifique, les troupes, commandées par le général Frederick Middleton, arrivent bientôt dans les Territoires du Nord-Ouest. Plusieurs échauffourées s’ensuivent. La bataille finale a lieu à Batoche, où se sont retranchés les Métis. Le 9 mai 1885, Middleton attaque le village avec 850 hommes. Trois jours plus tard, les troupes gouvernementales sont victorieuses.

Le soulèvement est à toutes fins pratiques terminé. Les troupes s’affairent à pacifier la région et à mettre fin au soulèvement amérindien. Gabriel Dumont, qui a joué un grand rôle dans les affrontements armés, s’enfuit aux États-Unis. Riel se rend, est mis en accusation et jugé à Regina ; il est pendu le 16 novembre 1885. Quelques jours plus tard, une dizaine d’Amérindiens ayant participé aux événements du Nord-Ouest sont pendus à leur tour.

Au cours des années qui suivent, les Métis doivent s’adapter tant bien que mal aux nouvelles réalités créées par l’accroissement de la colonisation d’origine européenne. L’importance relative des Métis dans la région décline proportionnellement à cette colonisation.

1869-1870 - Soulèvement métis et création de la province du Manitoba (Ouest)

Gabriel Dumont (1837-1906) (Ouest)

Louis Riel (1844-1885) (Ouest)

Alexandre-Antonin Taché (1823-1894) (Ouest)