Ouest-Nord-Ouest

1869-1870
Soulèvement métis et création de la province du Manitoba

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Au cours des années 1860, la vie des Métis vivant de la chasse au bison devient difficile, les troupeaux étant moins nombreux et plus éloignés. Le groupe de Métis agriculteurs établis autour de la colonie de la Rivière-Rouge n’a pas la vie plus facile, car l'agriculture traverse une mauvaise période en raison d’inondations, de sécheresses et d’une invasion de sauterelles.

C’est durant ces années d’insécurité grandissante pour les Métis qu’un groupe de Nor’westers, colons anglophones originaires de l'Ontario qui sont en grande partie des spéculateurs fonciers, demande l’annexion au Canada des terres de l’Ouest, propriété de la Compagnie de la baie d’Hudson (CBH) et de la Couronne britannique. Ces Nor’westers affichent un total mépris pour les traditions et les droits ancestraux de la population métisse, qu'ils considèrent comme non civilisée et comme un obstacle au peuplement blanc.

L’annexion de l’Ouest et l'établissement de colons deviennent des priorités du gouvernement canadien dans les années qui suivent la Confédération. Sans consulter les Métis ou les Amérindiens, le Canada négocie rapidement l’achat de la Terre de Rupert de la CBH et la cession des Territoires du Nord-Ouest de la Couronne anglaise. Le transfert de cet immense territoire, qui s’étend du nord de l’actuel Québec aux Rocheuses, est fixé au 1er décembre 1869.

Prévoyant l’arrivée massive de colons dans les territoires, le Canada envoie des arpenteurs et nomme un lieutenant-gouverneur, William McDougall. En octobre 1869, les Métis de la Rivière-Rouge arrêtent le travail des arpenteurs, qui ne respectent pas la division des terres déjà en place. Ils forment un Comité national des Métis de la Rivière-Rouge, avec Louis Riel comme secrétaire. Le Comité envoie des représentants qui empêchent McDougall d’entrer dans la colonie. Les Métis prennent également le fort Garry, poste de la CBH.

Un gouvernement provisoire est formé, présidé par Louis Riel. Les Nor’westers s’opposent de façon parfois violente au gouvernement provisoire : certains sont arrêtés, puis relâchés, d’autres condamnés, puis grâciés. L’un de ces Nor'westers, Thomas Scott, est traduit en cour martiale, condamné à mort et exécuté. Pour apaiser la colère soulevée en Ontario par cet incident, le gouvernement canadien bannit Louis Riel du Canada pour une période de cinq ans.

Le gouvernement provisoire envoie des délégués à Ottawa pour négocier avec le gouvernement conservateur de John A. Macdonald les droits des habitants de la Rivière-Rouge. Le gouvernement canadien acquiesce aux principales revendications des Métis soit celles sur les terres et sur la religion. La Loi sur le Manitoba, qui crée une très petite province comprenant essentiellement la colonie de la Rivière-Rouge, entre en vigueur le 15 juillet 1870. Cette loi octroie des terres aux Métis et garantit la pratique de la religion catholique ainsi que les droits scolaires des catholiques et des protestants. Elle crée une province bilingue, mais n’assure pas le droit à l’instruction en français.

Cette apparente victoire des Métis sera de courte durée. Pour rassurer l’Ontario, qui n’a pas encore oublié l’affaire de Thomas Scott, le gouvernement fédéral envoie des troupes dans la nouvelle province. Leur arrivée provoque la fuite vers les États-Unis de Riel, qui était toujours à la Rivière-Rouge, espérant recevoir une amnistie. La violence des troupes à l’égard des Métis dénie l’apparence de conciliation de la Loi sur le Manitoba et annonce la ligne dure qui sera dorénavant la politique du gouvernement fédéral envers les Métis. L’envoi des troupes est rapidement suivi par un flot de colons anglophones, qui voient dans l’action répressive du gouvernement à l'égard des Métis la volonté de favoriser l’immigration aux dépens des droits métis, pourtant protégés par la loi.

Les relations entre les francophones et les anglophones, de même qu’entre les minorités francophones et métisses et le gouvernement fédéral seront à jamais teintées par les événements de 1869-1870.

1816 - Bataille de La Grenouillère (Ouest)

1849 - Procès de Pierre-Guillaume Sayer (Ouest)

1867 - Confédération (Québec)

1885 - Rébellion du Nord-Ouest (Ouest)

1890 - Lois manitobaines sur les langues officielles et les écoles (Ouest)

1967-1969 - Modification des lois scolaires (Ouest)

Joseph Dubuc (1840-1914) (Ouest)

Louis Riel (1844-1885) (Ouest)

Alexandre-Antonin Taché (1823-1894) (Ouest)