Ouest-Nord-Ouest

1890
Lois manitobaines sur les langues officielles et les écoles

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Dans le contexte du peuplement du Manitoba par des colons d’origine britannique, le caractère constitutionnel et législatif de la province, à l’origine calqué sur celui du Québec, est remis en cause. À la fin de la décennie de 1880, un groupe de francophobes anti-catholiques, menés par D’Alton McCarthy, s’agite pour que le Manitoba mette fin à son bilinguisme officiel et à son système scolaire double (catholique et protestant). En 1890, l’Assemblée législative adopte l’anglais comme seule langue officielle. Contestée devant les tribunaux, cette dernière mesure est déclarée ultra vires à deux reprises (1892-1909) par le juge Louis-Arthur Prud’homme, mais sans suite ultérieure.

Par contre, la modification du système scolaire soulève l’opposition de la hiérarchie catholique et des Canadiens français. La loi scolaire de 1890 crée un système public, abolissant ainsi le système scolaire double mis en place après 1870. Les élites catholiques du Manitoba demandent en vain au gouvernement fédéral de désavouer la loi. Ottawa refuse, invoquant l’argument de la compétence provinciale en matière d’éducation. En réalité, le gouvernement conservateur de John A. Macdonald veut éviter un débat déchirant à la veille des élections de 1891. S’amorce alors une contestation judiciaire qui est menée jusqu’au Conseil privé de Londres deux fois, en 1892 et 1896 ; celui-ci décide qu’il est du ressort de la province d’adopter des lois relatives à l’éducation, mais que le gouvernement fédéral a le pouvoir d’adopter une loi pour remédier à la situation. Après avoir demandé sans succès au gouvernement provincial de corriger la loi, le gouvernement conservateur présente une telle loi juste avant les élections fédérales de 1896, mais il est incapable de la faire adopter par la Chambre des Communes.

La question scolaire manitobaine est l’un des enjeux de la campagne électorale. Le chef libéral Wilfrid Laurier préconise une solution négociée entre gouvernements libéraux plutôt qu’une loi votée par le gouvernement fédéral. Il remporte les élections, malgré l’appui sans équivoque de la hiérarchie catholique au Parti conservateur.

Les négociations subséquentes aboutissent au « Compromis Laurier-Greenway », adopté par l’Assemblée législative manitobaine en 1897. La loi permet l’enseignement de la religion après les heures scolaires pendant une demi-heure si dix chefs de familles le demandent, et l’embauche de personnel enseignant catholique, s’il y a au moins dix enfants catholiques en milieu rural et au moins 40 en milieu urbain. Pour ce qui est de la langue, là où dix enfants et plus parlent le français ou une autre langue, l’enseignement se donne en anglais et en français ou dans une autre langue.

Le compromis de 1897 introduit deux notions nouvelles : la distinction entre langue et religion, et le nombre minimal d’élèves nécessaire pour offrir l’enseignement en français. La loi demeure en vigueur jusqu’en 1916. Le gouvernement instaure alors l’école obligatoire et abolit la clause de 1897 relative au français. Cette situation amène les institutrices à inventer des stratagèmes ingénieux pour continuer d’enseigner en français. Ce n’est qu’à partir de 1955 que l’enseignement de cette langue est à nouveau permis, à partir de la 4e année.

1869-1870 - Soulèvement métis et création de la province du Manitoba (Ouest)

1888-1891 - Tensions ethnoreligieuses en Ontario (Ontario)

1912 - Règlement 17 (Ontario)

1916 - Fondation de l'Association d'éducation des Canadiens français du Manitoba (Ouest)

1967-1969 - Modification des lois scolaires (Ouest)

Wilfrid Laurier (1841-1919) (Québec)

James Prendergast (1858-1945) (Ouest)

Alexandre-Antonin Taché (1823-1894) (Ouest)