Québec
 

Pierre Elliott Trudeau
(1919-2000)

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Bibliothèque et Archives Canada PA110806.

 

Intellectuel et homme politique de grand renom, Pierre Elliott Trudeau est un des architectes de la Révolution tranquille au Québec. Cependant, sa passion profonde pour le Canada l’oppose farouchement au nationalisme québécois. Son rêve d'une société juste a retenu l’attention du pays de même que celle du monde entier.

Pierre Elliott Trudeau est né à Montréal, d'un père homme d'affaires canadien-français et d'une mère d'origine écossaise. Il fait de brillantes études au Collège Jean-de-Brébeuf, à l'Université de Montréal, à l'Université Harvard et à la London School of Economics. Il partage son temps entre les études et les voyages.

De retour au Québec après un séjour d'un an en Europe de l'Est, au Moyen-Orient et en Extrême-Orient, il s'engage à fond dans la lutte syndicale, notamment dans la terrible grève d'Asbestos, en 1949. À partir de ce moment, la pensée et l'action de Trudeau se façonnent autour d’une idée centrale : il veut contribuer à la modernisation du Québec et combattre les forces réactionnaires, au premier chef Maurice Duplessis et le gouvernement de l'Union nationale. Pour ce faire, il fonde, avec d'autres intellectuels engagés, la revue Cité libre. En 1960, il applaudit à l'arrivée au pouvoir des libéraux de Jean Lesage et aux réformes enclenchées par la Révolution tranquille. Cependant, il s'inquiète de plus en plus de la popularité grandissante du mouvement indépendantiste et prône plutôt l'égalité des francophones et des anglophones au sein de la Confédération canadienne.

Il se décide à laisser son poste de professeur de droit à l'Université de Montréal, qu'il occupe depuis 1961, pour se lancer dans l’arène politique fédérale. En 1965, il remporte le siège libéral de la circonscription de Mont-Royal. Le premier ministre Lester B. Pearson en fait son secrétaire parlementaire. Par la suite, il devient ministre de la Justice, se faisant connaître à l’échelle nationale grâce à ses positions progressistes concernant le divorce, l'avortement et l'homosexualité.

En 1968, à l'âge de 49 ans, Trudeau devient chef du parti libéral et premier ministre du Canada. Durant la campagne électorale qui suit et qui reporte les libéraux au pouvoir, il est si populaire que les médias parlent de «  trudeaumanie  ». Fort de cet engouement, il se met immédiatement au travail pour réaliser sa vision du Canada et du Québec. Il améliore ainsi le nombre et la position des francophones au sein de la fonction publique fédérale. En 1969, il fait adopter la Loi des langues officielles, qui instaure le bilinguisme au Canada.

Lors de la Crise d'octobre, à la demande de Robert Bourassa, il a recours à la Loi sur les mesures de guerre pour réprimer le terrorisme felquiste et affaiblir le mouvement indépendantiste québécois. Des centaines de personnes sont arrêtées et détenues sans mandat.

Comme Trudeau croit que le gouvernement fédéral est le moteur de l'unité nationale, il centralise les pouvoirs décisionnels à Ottawa, ce qui occasionne une guerre larvée avec les provinces. Cela explique sa baisse de popularité aux élections de 1972.

Défait aux élections de 1979, Pierre Elliott Trudeau effectue un retour au pouvoir (1980) peu avant la tenue du référendum sur la souveraineté-association proposé aux Québécois par René Lévesque. Il intervient dans la campagne référendaire et son ingérence contribue à la défaite des forces du «  Oui  ». Plus convaincu que jamais de la nécessité d'une réforme constitutionnelle favorable à la centralisation, il procède au rapatriement de la Constitution canadienne, sans l’accord du Québec. Celle-ci est assortie d’une Charte des droits et libertés, ce qui confirme le libéralisme de l’homme.

Durant tous ses mandats à la tête du pays, Trudeau défend une plus grande autonomie du Canada face aux États-Unis et, à partir de 1980, il critique ouvertement la politique extérieure américaine. Il favorise le dialogue Nord-Sud entre les pays nantis et ceux en voie de développement. En 1983 et 1984, le premier ministre fait sienne la cause de la réduction des armements nucléaires et voyage partout dans le monde pour la promouvoir.

Malgré tout, sa popularité décline et l'homme d'État charismatique est de plus en plus perçu comme un être arrogant. Il se retire de la politique en 1984, réapparaissant à l'occasion pour s'opposer au nationalisme québécois et aux politiques décentralisatrices de son successeur conservateur, Brian Mulroney. De retour à Montréal, il se consacre à la pratique du droit et à ses trois fils nés de son mariage avec Margaret Sinclair.

Son décès survenu en 2000 ne met pas un terme au bilan controversé que les intellectuels québécois associent, non sans une bonne dose de respect, à ce « grand » Canadien.

1867 - Confédération (Québec)

1950 - Naissance du néonationalisme (Québec)

1970 - Crise d’octobre (Québec)

1976 - Élection du Parti québécois (Québec)

1980 - Référendum sur la souveraineté (Québec)

1982 - Adoption de la Loi constitutionnelle (Ontario)

1982 - Adoption de la Loi constitutionnelle (Québec)

Robert Bourassa (1933-1996) (Québec)

Réal Caouette (1917-1976) (Québec)

Solange Chaput-Rolland (1820-1890) (Québec)

Georges-Henri Lévesque (1903-2000) (Québec)

René Lévesque (1922-1987) (Québec)

Claude Ryan (1925-2004) (Québec)