Québec Inquiet des rébellions de 1837-1838 au Bas-Canada et au Haut-Canada, le gouvernement anglais envoie John George Lambton, Lord Durham, comme gouverneur en chef de toutes les provinces britanniques de l’Amérique du Nord. Il a pour mission d’enquêter sur les causes des rébellions et de faire des recommandations afin d’éviter d’autres insurrections. Durham fait deux recommandations pour ramener la paix : établir la responsabilité ministérielle, comme le demandent les réformistes des deux colonies, et créer un seul gouvernement pour assimiler les Canadiens français et assurer une majorité anglaise et loyale à la Couronne britannique. Aux yeux de Durham, les Canadiens français sont de toute façon « un peuple sans histoire » ; ils sont incultes et rétrogrades, et c’est leur rendre service que de les assimiler. À l’exception de l’établissement de la responsabilité ministérielle, les recommandations de Durham prennent effet immédiatement par l’Acte d’Union, qui entre en vigueur en 1841. Le Bas et le Haut-Canada deviennent le Canada-Uni, administré par un seul gouvernement. Trois éléments de cet acte suscitent la colère de la population du Canada-Est (le Québec) : l’anglais devient la seule langue officielle de la colonie ; le Canada-Est doit partager la dette de l’ancien Haut-Canada ; enfin, le Canada-Ouest (l’Ontario) et le Canada-Est ont le même nombre de députés à l’assemblée, alors que la population du Canada-Est représente le double de celle du Canada-Ouest. Tout en dénonçant les éléments discriminatoires du régime de l’Union, certains modérés parmi les anciens patriotes invitent leurs compatriotes à participer à la nouvelle vie politique. Ils croient en fait que l’Union pourrait permettre de régler certains problèmes économiques et faciliter la modernisation des institutions du Bas-Canada. C’est ainsi qu’entre 1841 et 1851 se mettent en place un régime municipal et un système d’enseignement public. En 1854, le régime seigneurial est aboli, puis, entre 1857 et 1866, on procède à la réforme du Code civil. Ces années voient donc une véritable modernisation de l’appareil de l’État avec l’instauration de réglementations diverses, la naissance d’un corps de police et le développement de la gestion administrative, financière et territoriale. L’attitude souple et réaliste des modérés permet un rapprochement entre les hommes politiques du Canada-Est et ceux du Canada-Ouest et ouvre la porte à des compromis dont le résultat sera l’abandon de la politique assimilatrice de Durham. En 1848, année de l’obtention de la responsabilité ministérielle, Londres accepte aussi l’usage du français. La coopération entre les élites politiques des deux Canadas repose sur un consensus idéologique et sur le principe fédéral. Sous l’Union, chaque ministère comprend une section est-canadienne et une section ouest-canadienne. À la législature même, on parle d’une « double majorité » : chaque section ministérielle ne relève que de la députation de sa section de province ; par ailleurs, un projet de loi ne visant qu’une section du Canada-Uni entre en vigueur par le vote des députés de ladite section. S’il annonce la Confédération de 1867, ce système annonce aussi l’inégalité politique entre anglophones et francophones, ceux-ci étant relégués à une position subalterne dans le gouvernement. 1837 - Révolte des Patriotes (Québec) 1852 - Fondation de l’Institut canadien-français d’Ottawa (Ontario) Georges-Étienne Cartier (1814-1873) (Québec) P.-J.-O. Chauveau (1820-1890) (Québec) Famille Antoine Gérin-Lajoie (1824-1882) (Québec) |