Québec C'est à l'automne 1952 que la Société Radio-Canada lance un service de production et de diffusion au Québec. La proportion de foyers possédant un téléviseur monte aussitôt en flèche : de 9,7 % qu’elle était en 1953, elle passe à 38,6 % en 1955 et à 88,8 % en 1960. Le Québec devient un vaste auditoire télévisuel : les toits se coiffent d'antennes, l’ameublement des salons est réaménagé autour du petit écran et le rythme des soirées, aussi bien à la campagne qu'à la ville, se module sur la programmation télévisuelle. Jusqu'à la fin des années 50, tout le monde regarde les émissions de Radio-Canada, bilingue jusqu'en 1954. À ses débuts, la télévision de Radio-Canada est une sorte de prolongement de la radio de la société d'État. Le divertissement occupe la plus grande part de la grille horaire, avec le recyclage de radioromans en téléromans, tels Les Plouffe ou Le Survenant, la retransmission de La Soirée du hockey, les jeux télévisés comme La Poule aux œufs d'or, à quoi s'ajoutent de nombreux films. Aux enfants, on présente les marionnettes Pépinot et Capucine, des récits d'aventures et des émissions éducatives. Le contenu culturel n’est pas en reste : les émissions hebdomadaires L'Heure du concert et Téléthéâtre révèlent à un large public des œuvres réservées jusque-là à une minorité. La télévision exerce aussi une influence considérable sur l'information et les affaires publiques. Une nouvelle génération de leaders, dont l'influence n'avait jusqu'alors pas dépassé les milieux cultivés de la métropole, se fait connaître à la grandeur du Québec. Des animateurs comme René Lévesque et Judith Jasmin, des commentateurs comme Pierre Elliott Trudeau ou André Laurendeau, deviennent de véritables vedettes du petit écran et répandent partout leurs revendications en faveur du changement, de la pensée critique et de la modernisation. Aussi la télévision des années 50 joue-t-elle un rôle crucial dans l'évolution de la société québécoise, non seulement en diffusant de l'information et des idées nouvelles, mais en propageant les valeurs, les sensibilités et les principes que partage l’ensemble de la société québécoise. En 1958, une loi fédérale est adoptée qui ouvre grand la porte à la place du privé dans le monde de la télévision. Deux ans plus tard, Paul L'Anglais et J.-A. de Sève, magnats du cinéma local, fondent Télémétropole, aussi connue sous le nom de canal 10. Télémotropole se dote d’un réseau, TVA, qui touchera jusqu’à 94 % de l'auditoire québécois en 1977. Cette diversification s'accélère avec l'utilisation de la bande UHF, qui permet notamment à Radio-Québec de diffuser à partir de 1975, et surtout avec la câblodistribution, qui rend accessibles les grands réseaux américains. La télévision occupe les soirées, qui s’étirent souvent jusque dans la nuit, d'une majorité de Québécois. Si sa popularité s’étend, son contenu évolue peu : le divertissement léger et frivole règne en maître sur la programmation. En 1976, comme au début des années 60, l'information et les affaires ne comptent que pour environ 15 % du temps d'écoute. Ce sont les variétés, les téléromans, les séries dramatiques et les films qui remportent la palme, auxquels s'ajoute le sport dont la part passe de 6,7 % en 1967 à 15,2 % en 1976. Ce qui change, c'est la quantité d’émissions de divertissement, qui augmente grâce à la multiplication des canaux. C'est aussi par le divertissement que la télévision américaine fait sa percée et se ménage une place sans cesse grandissante sur les écrans. Elle nous parvient soit directement par les chaînes américaines, soit par les postes locaux qui diffusent en traduction, soit enfin par la production locale qui imite les modèles et standards des États-Unis. Comme les Québécois passent en moyenne (en 1978) 25 heures par semaine à regarder la télévision, celle-ci est devenue le premier média de transmission des produits culturels. 1922 - Ouverture de la station radiophonique CKAC (Québec) 1952 - Entrée en ondes de CFCL-Timmins (Ontario) 1955 - Entrée en ondes de CBOFT-Ottawa (Ontario) 1959 - Ouverture de CBAFT Radio-Canada (Acadie) 1960 - Accroissement de la désacralisation et de la décléricalisation (Québec) 1960-1992 - Avènement de la télévision française (Ouest) 1960 - Début de la Révolution tranquille (Québec) 1960 - Essor des arts (Québec) 1987 - Ouverture de la Chaîne (TFO) (Ontario) Jean Duceppe (1923-1990) (Québec) Françoise Gaudet-Smet (1902-1986) (Québec) Claude-Henri Grignon (1894-1976) (Québec) Germaine Guèvremont (1893-1968) (Québec) Olivier Guimond, père et fils (1893-1954 ; 1914-1971) (Québec) Judith Jasmin (1916-1972) (Québec) Roger Lemelin (1919-1992) (Québec) René Lévesque (1922-1987) (Québec) Denise Pelletier (1923-1976) (Québec) Sœur Berthe (Berthe Sansregret) (1912-2003) (Québec) Fernand Séguin (1922-1988) (Québec) |